Publié le Dimanche 24 janvier 2016 à 15h28.

La preuve par les hydrocarbures

Les hydrocarbures jouent un rôle à part dans l’histoire du capitalisme et dans l’histoire en général. La révolution industrielle n’aurait pas eu lieu sans charbon, l’économie mondialisée sans pétrole, et de nombreux conflits n’auraient pas eu de raison d’être...

Le plus important déversement de pétrole a eu lieu au Koweït pendant la première guerre du Golfe. Et la société de consommation repose sur l’accès à de l’énergie bon marché, stockable et transportable.

Le coût environnemental et sanitaire à payer est à la hauteur de l’importance de cette industrie et toutes les étapes, de l’extraction jusqu’à l’utilisation, sont concernées.

Les mines de charbon favorisent l’érosion et polluent les nappes phréatiques. Elles provoquent l’émission de gaz responsables des pluies acides. Les dégâts causés par l’exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux ne font qu’augmenter car les ressources sont de moins en moins accessibles. Les puits de pétrole à plusieurs milliers de mètres de profondeur au fond des océans sont particulièrement vulnérables : en mer du Nord, explosion de Piper Alpha (1988), dans le golfe du Mexique, explosion de Deepwater Horizon (2010), et une fuite sur la plateforme 23051 de Taylor Energy, toujours pas colmatée... depuis 2004 !

La fracturation hydraulique pour extraire le pétrole et le gaz de schiste provoque la pollution à long terme de l’eau et de l’air, rendant des zones entières inhabitables. Avec les sables bitumineux, les énormes quantités d’eau utilisées pour extraire le pétrole du sable polluent d’immenses étendues pour les siècles à venir.

Gaz à effet de serre

Le transport des hydrocarbures a donné lieu à une longue liste de marées noires. Erika et Amoco Cadiz sont les deux plus importantes à avoir souillé les côtes françaises. Les tankers à double-coque ont finalement été imposés en Europe... en 2015. Mais on ne compte plus les fuites et les explosions sur des pipelines, ni les accidents ferroviaires, comme à Lac-Mégantic en 2013.

En ce moment même, la Californie est victime d’une énorme fuite de méthane : des milliers de personnes ont dû quitter leurs logements et plus encore souffrent de problèmes respiratoires.

Les zones de stockage et de raffinage sont, elles aussi, vulnérables et souvent proches des zones d’habitation comme lors de l’explosion de la raffinerie de Feyzin en 1966. La combustion des hydrocarbures a aussi ses « effets secondaires » : particules fines, oxydes d’azote, composés soufrés...

Tous les hydrocarbures participent évidemment à la production de gaz à effet de serre, que ce soit lors de l’extraction (torchères, fuites) ou lors de leur utilisation. C’est sans doute cette pollution, la moins visible, qui est la plus grave, car le réchauffement climatique qu’elle induit peut rendre notre planète inhabitable. En niant, en minimisant, les pétroliers ont fait perdre plus de 10 ans à la lutte pour préserver le climat.

S’il y a une pollution intrinsèque et donc inévitable avec tous les hydrocarbures, les plus gros dégâts sont dus aux industriels qui préfèrent risquer notre environnement plutôt que de réduire leurs profits.

Et quand il y a pollution, les collectivités nettoient et payent, avant d’attendre le verdict d’hypothétiques procès...