Fondamentalement, ce qui pèse avant tout sur l’emploi, c’est la course effrénée du capital aux gains de productivité et au profit dans un contexte où la demande est déprimée par la compression des salaires. Dans cette course, les capitalistes utilisent toute une palette d’instruments.
Les délocalisations sont responsables d’une part limitée des pertes d’emplois. Une étude de l’Insee chiffre ainsi à 20 000 en trois ans le nombre de suppressions directes de postes en France dues à des délocalisations opérées entre 2009 et 2011. Même si on double ce chiffre pour tenir compte des emplois chez les sous-traitants et fournisseurs, c’est beaucoup moins que les pertes d’emplois industriels durant la période : entre la fin 2008 et fin 2011, l’emploi industriel est passé de 3,65 millions à 3,39 millions, soit une perte de 260 000 emplois. Les suppressions d’emplois touchent d’ailleurs aussi des secteurs non délocalisables comme le BTP.
Il faut donc chercher ailleurs l’explication de la grande majorité des suppressions d’emplois. Au niveau d’une entreprise en particulier, les pertes d’emplois peuvent s’expliquer, outre parfois par une délocalisation, par toute la gamme des instruments dont disposent les capitalistes pour baisser les coûts : détérioration des conditions de travail, externalisation, filialisation, etc.
S’opposer à toutes les suppressions d’emplois
Il faut donc s’opposer aux suppressions d’emplois, quelle qu’en soit la cause, en défendant l’interdiction des licenciements, le partage du travail… Il faut construire les solidarités entre les salariéEs des établissements d’un même groupe par-delà les frontières et également, avec les sous-traitants. Les entreprises qui licencient doivent rembourser les aides publiques qu’elles ont reçues.
Il faut refuser les traités entre pays capitalistes avancés qui rabotent les normes sanitaires et mettent en danger les services publics.
Contre la liberté des capitaux
Enfin, nous dénonçons la libre-circulation des capitaux : la spéculation sur la dette et les monnaies, la possibilité de jongler avec les paradis fiscaux, etc.
Nous le faisons sans nous aligner en quoi que ce soit sur un prétendu intérêt commun entre patrons et salariés. Face aux vendeurs d’illusion, notre réponse c’est la lutte pour défendre pied à pied les emplois, partager le travail sans aucune baisse des salaires Si une entreprise doit fermer ou être dépecée, que l’État intervienne sans aucune indemnisation pour les actionnaires.
Au-delà, une France débarrassée du capital devra se poser le problème d’un développement sans interférence des pressions du marché international et en collaboration avec les pays qui auraient fait les mêmes choix, tout en menant bataille pour l’harmonisation des droits sociaux de tous les travailleurs du monde (et en soutenant leurs luttes).
Henri Wilno