Depuis l’élection de François Hollande, pas une année sans que l’éducation nationale ne fasse parler d’elle : en 2013 dans le primaire contre la réforme des rythmes, en 2014 dans les universités pour plus de moyens et dans les ZEP contre la sortie de certains établissements et certaines écoles du réseau, en 2015 contre la réforme du collège, et en 2016 contre la loi travail via la jeunesse scolarisée, avec aussi le début de la colère des lycées classés ZEP et menacés à leur tour d’en sortir.
Les raisons sont à chaque fois identiques : stopper l’hémorragie de moyens, réclamer la reconnaissance du métier, retrouver de la dignité dans l’exercice d’enseigner, revendiquer une augmentation salariale, des conditions d’apprentissage décentes pour les enfants et les adolescents.Et ce gouvernement autoritaire, spécialiste de l’état d’urgence, n’a jamais hésité à recourir à la répression pour sanctionner des collègues. À Toulouse ou encore à Colombes (92), des enseignantEs auront dû aller jusqu’à la grève de la faim pour retirer ou atténuer les mesures disciplinaires à leur encontre.
Une partie des ces mobilisations freinent localement les attaques, permettent même de gagner une limitation des effectifs par classe, installent un certain rapport de forces avec notre hiérarchie, mais nous n’avons pas réussi à faire de démonstration identique à l’échelle nationale.En 2013 pourtant, lors de la mobilisation contre les nouveaux rythmes scolaires dans le premier degré, les taux de grève avaient dépassé ceux de 2003.
Mais à chaque mobilisation, un obstacle de taille s’est dressé devant les personnels mobilisés : le dialogue social entre les organisations syndicales et le ministère. La FSU, organisation syndicale majoritaire dans le primaire, le secondaire et à l’université, n’aura eu de cesse de coller au calendrier ministériel, celui-ci étant bien sûr conçu pour que les attaques se fassent de manière désynchronisée d’un degré à l’autre. Et à aucun moment, la FSU, principale fédération dans l’éducation nationale, n’a rebondi sur la dynamique d’une mobilisation pour permettre un mouvement de l’ensemble du secteur. Quant aux autres syndicats, ils auront préféré jouer la carte de la critique mais sans non plus se saisir des opportunités.
C’est pourquoi, dans ce contexte, la mobilisation actuelle des enseignantEs de lycées menacés de sortir d’éducation prioritaire peut être une possibilité d’inverser ce schéma. Organisés en collectifs, les salariéEs mobilisés sont en passe d’organiser une journée nationale, avec éventuelle montée à Paris. Pour l’instant encore, aucune structure syndicale n’appelle franchement à ce que la mobilisation s’élargisse de la maternelle au lycée. Mais c’est tout l’enjeu que nous aidions ce collectif à perdurer, se renforcer pour être un outil au service de l’amplification de la mobilisation. Alors que dans plusieurs établissements, la rentrée n’a pas été assurée, et que depuis le 3 janvier, la grève reconductible a été votée, renforçons cette mobilisation et tentons d’infliger un camouflet à Najat Vallaud-Belkacem et à son gouvernement, à quelques mois du premier tour de la présidentielle.
Tous les candidats prétendent faire de l’éducation un point central de leur prochain quinquennat. À nous de les prendre au sérieux : nous nous battrons contre toutes leurs attaques, le plus largement possible, pour leur infliger des défaites, pour changer totalement la société et son école !