Début juin, les profs ont été viséEs par une campagne de dénigrement fallacieuse dans laquelle le ministre a joué un rôle majeur. Son timing et son contenu n’étaient pas anodins. Rappelons que l’ouverture des écoles à touTEs les élèves à partir du 2 juin était un leurre. Sans recrutement de personnels supplémentaires, sans extension des locaux, des sanitaires, et des espaces de récréation, les mesures d’hygiène et de distanciation physique étaient incompatibles avec l’accueil de tous les élèves. Pour les parents qui avaient cru les annonces ministérielles et qui comptaient sur la réouverture des écoles, ce fut une grande déception.
Une campagne calomnieuse, le ministre à la manœuvre
C’est précisément à cette date que le 20 h de TF1 annonçait que 40 % des enseignantEs n’avait pas repris la classe. Le 9 juin, le 20 h de France 2 parlait de 40 000 profs qualifiés de « décrocheurs ». Le 10 juin sur RTL, Blanquer crédite la thèse des « profs décrocheurs » en déclarant qu’ils et elles seraient sanctionnés. Face au tollé provoqué, l’administration de l’Éducation nationale devra préciser ses statistiques le 12 juin : 60 % de profs sont en classe, 35 % en télétravail, 5 % en absence (incluant les arrêts maladie, les gardes d’enfants, etc). Et en réalité, 5 %, c’est le taux moyen d’absence des salariéEs, public et privé confondus. Pourtant le 13 juin, Anne-Christine Lang, rapporteure de la loi « Blanquer », remet une couche de malhonnêteté dans une tribune fustigeant « des centaines de milliers d’enseignants qui ne se sont pas sentis concernés ».
Quand on veut tuer ses profs, on les accuse d’avoir déserté
En alimentant cette campagne fallacieuse, le clan Blanquer tente de faire d’une pierre trois coups. Premièrement il se dédouane de la gestion calamiteuse du déconfinement dans les écoles en reportant la faute sur les profs. Deuxièmement, il cherche à prendre sa revanche en visant le moral des enseignantEs qui se sont toujours beaucoup battus contre sa politique. Enfin, il prépare le terrain à de nouveaux projets visant à se passer d’elles et eux : l’externalisation de certains enseignements (sport-santé-culture-civisme, nommé 2S2C), le développement du marché des ressources numériques à distance, accompagné du renforcement d’un management autoritaire (loi Rilhac sur les directeurs d’école présenté à l’Assemblée le 22 juin).