L’éducation prioritaire en tant que dispositif a été légiférée en 1981. Mais l’idée de donner plus aux quartiers populaires où se propage déjà la misère sociale a vu le jour à partir des travaux de Pierre Bourdieu, pour devenir dans les années 1970 une revendication syndicale...
Moins d’élèves par classe, des moyens pour mettre en œuvre des projets, des activités que seule la bonne volonté des équipes enseignantes ou même des parents ne pouvaient financièrement assumer, des primes aux enseignants afin d’inciter à rester dans ces écoles et établissements pour stabiliser les équipes... Autant de bon sens ou de minimum syndical dirions-nous.
Pourtant, ce maigre pécule aura une vie bien courte. Dès les années 2000, il est temps de le remettre en cause. Les sigles vont alors commencer à se succéder, faisant intervenir de plus en plus souvent les notions d’ambition et de réussite, mais surtout grignotant un peu plus à chaque étape les moyens supplémentaires accordés.
Le gouvernement a un objectif, détruire les ZEP
Initiée par Peillon et défendue bec et ongles par Najat Vallaud-Belkacem, la refondation de l’éducation prioritaire est en train d’anéantir ce qu’il reste des anciennes ZEP.
Il y a deux ans, le travail de sape était amorcé dans les écoles et les collèges. Bien sûr, après avoir fait passer la réforme des rythmes et la réforme du collège, le gouvernement n’a pas annoncé de but en blanc la disparition de l’éducation prioritaire, mais des reclassements. Dans certains quartiers, des collèges et des écoles sont sortis manu militari du dispositif sous prétexte que la situation sociale globale du quartier se serait améliorée… ce qu’évidemment les principaux intéressés (enfants, parents et enseignants) n’ont absolument pas constaté !
Cela permettait ainsi de donner plus à des établissements déjà classés mais dans une situation jugée alarmante, les REP+. Jolie mise en concurrence des quartiers populaires, des enfants de la classe ouvrière. Deux ans après, les enseignants des REP+ ont pris l’habitude de se nommer les « riens en plus » pendant qu’ailleurs, les « sortants » périclitent, et ceux restés REP voient leurs effectifs augmenter d’année en année.
Exiger plus de moyens pour touTEs
Cette année, pour la mise en application de cette réforme dans les lycées, la mesure a été encore plus radicale : tout le monde sort ! Cela a donné lieu au mouvement Touche pas à ma ZEP qui, dès la rentrée de janvier 2017, entame de nouvelles journées de grève et de possibles départs en grève reconductible.Le mouvement exige non seulement le retrait de ce projet mais surtout un label unique Éducation prioritaire, de la maternelle au bac, incluant tous les établissements et réseaux ayant aujourd’hui divers classements mais aussi une inégalité de traitement. Un label qui serait contraignant pour l’État en termes de moyens, de bonifications et de possibilité de mutation.