Publié le Mercredi 30 septembre 2020 à 13h53.

Une rentrée dans l’Education nationale sans aucune mesure de protection, et avec toujours moins de moyens !

Jean-Michel Blanquer l’avait pourtant formellement promis en mai dernier lors d’une interview à Konbini news : « Si le virus est toujours là à la rentrée, il y aura toujours la règle des groupes restreints. Ce qui est favorable, d’ailleurs, pédagogiquement ». Mais le ministre de l’Éducation nationale n’est plus à un mensonge près.

Malgré les promesses de Jean-Michel Blanquer, la situation en cette rentrée est non seulement toujours aussi catastrophique, mais encore pire que les précédentes. Dans le premier degré, les fermetures de classes se sont poursuivies à un rythme effréné. Ainsi, dans le 94, plusieurs classes ont été fermées dans des écoles, à Cachan, Champigny-sur-Marne, L’Haÿ-les-Roses, plusieurs jours après la rentrée. Dans bien des classes, le nombre d’élèves dépasse les 26. Même chose dans les autres départements, que ce soit le 92, le 93, le 77 ou ailleurs sur le territoire. Dans le second degré, les suppressions de postes se sont aussi aggravées. Dans bien des lycées, les effectifs par classe dépassent les 30, voire quelquefois 35 par classe. De plus, la mise en œuvre de la réforme du lycée voulue par Blanquer en classe de première amène à un éclatement des groupes classes, aggravant le brassage des élèves.

Un « protocole sanitaire » ?

Dans le même temps, le protocole sanitaire prévu à la rentrée, pourtant déjà quasiment inexistant, a été « allégé » quelques jours après la rentrée. De fait, à part l’obligation pour les personnels et les élèves de plus de 11 ans de porter le masque, plus aucune mesure n’est envisagée pour protéger le public des écoles et des établissements. Et encore… Dans bien des établissements, le nombre de masques distribués aux personnels est très insuffisant, alors même que les fameux masques « Dim » sont très peu protecteurs. Pour les élèves, le ministère n’a prévu aucune distribution gratuite : seuls quelques conseils départementaux ont distribué des masques peu protecteurs.

En ce qui concerne la désinfection du matériel et des locaux, les agentEs d’entretien sont en cruel sous-effectif, rendant impossible tout nettoyage systématique. Dans nombre d’établissements, même les flacons de gel hydro­alcoolique sont absents ! Des classes entières doivent faire cours dans des salles où les fenêtres n’ouvrent pas ; et ailleurs, avec l’arrivée de l’automne, les personnels et les élèves sont soumis à un dilemme insoutenable : faire cours dans le froid ou bien dans des salles non ventilées.

Un tiers des clusters concerne l’école et l’université

La crise sanitaire actuelle rend criants tous les problèmes dénoncés depuis des années par les personnels : sureffectifs dans les classes, sous-effectif du nombre d’adultes encadrants, locaux vétustes et inadaptés… De fait, dans les conditions actuelles, la reprise des écoles est incompatible avec le respect des règles d’hygiène et de sécurité pour empêcher la propagation du virus. Trois semaines après la rentrée, le constat est accablant, révélé par les chiffres publiés par Santé publique France : un tiers des clusters concerne l’école et l’université, faisant du milieu scolaire la première « collectivité » de circulation du virus.

Face à l’absence totale de mesures permettant d’endiguer un minimum la propagation de l’épidémie dans les écoles et les établissements scolaires, les personnels commencent à résister et à s’organiser. Ainsi, depuis la rentrée, pour la première fois dans le secteur, plusieurs droits de retrait majoritaires ont eu lieu dans des établissements : au lycée Paul-Éluard de Saint-Denis, au lycée Feyder d’Épinay-sur-Seine, au lycée Jean-Macé de Vitry, au collège Henri-Barbusse de Saint-Denis… Dans d’autres établissements, c’est par la grève que les collègues ont protesté, comme à la cité scolaire Jean-Renoir de Bondy ou au collège Brossolette dans la même ville.

Pour l’instant, les Directions des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN), les rectorats, le ministère, ont fait la sourde oreille face à ces mobilisations. Il est plus qu’urgent de généraliser cette contestation et de la coordonner, afin d’arrêter le désastre sanitaire provoqué par Jean-Michel Blanquer !