La réforme du collège est effective depuis la rentrée. Présentée par le gouvernement comme assurant davantage d’égalité, elle est au contraire vecteur d’inégalités aggravées !
La réforme s’est d’abord traduite dans la plupart des établissements par une diminution de la DHG (dotation horaire globale), ce qui provoque des pertes d’heures dans certaines disciplines, la disparition de nombreux projets et dispositifs et la perte d’heures dédoublées au détriment des élèves qui en ont le plus besoin.
Ils cherchent à augmenter la reproduction sociale
Des établissements se sont vu attribuer des dérogations à la limite des 26 heures hebdomadaires pour les élèves. Mais cela concerne essentiellement le maintien des filières d’excellence telles que les classes européennes. C’est dans ce cadre que l’option latin a été maintenue à Paris, et pas dans ses banlieues, dans tous les collèges qui la proposait l’an dernier.
La « marge d’autonomie » donnée aux chefs d’établissement crée des pôles de spécialisation : tel établissement propose du latin ou une classe européenne grâce à des dérogations, alors que tel autre propose un accompagnement pour les élèves en difficulté scolaire. Certains établissement concentreront leurs moyens pour la mise en place des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) avec des dédoublements ou du coenseignement, cela étant pris par exemple sur les heures de mathématiques ou de français.
Loin de réduire les inégalités scolaires, la nouvelle structure du collège ne peut que creuser l’écart entre les établissements.
Vers la fin du « collège unique » ?
Pris dans la mise en place des nouveaux programmes pour toutes les classes, les enseignantEs manquent de temps pour prendre le recul nécessaire à la réflexion sur ce qu’ils mettent en place. La résistance contre ce nouveau collège a été importante chez les enseignantEs... mais bien faible chez les principaux syndicats, sans compter ceux qui ont soutenu la réforme. Tout cela contribue à entériner cette réforme.
Cela ne manquera pas à terme de favoriser les déplacements d’élèves en fonction des langues ou EPI proposés et d’accentuer encore la ségrégation scolaire, ce que l’existence d’établissements privés et les inégalités territoriales renforcent déjà.
Cette réforme laisse un espace important pour que les politiques de droite proposent d’en finir avec le collège unique pour mettre en place réellement un collège de la reproduction sociale. Voilà l’objectif réel de la réforme du collège.