Publié le Mercredi 20 septembre 2017 à 12h25.

Avortement : un droit fondamental !

« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question ». Ces propos prêtés à Simone de Beauvoir sonnent décidément juste, alors que les attaques plus ou moins directes contre le droit à l’avortement se multiplient.

Le droit à l’avortement ne doit pas être réduit à la loi Veil de 1975 : ce serait occulter toute la réalité sociale et militante qui est venue mettre le gouvernement au pied du mur, l’obligeant à légiférer. Le droit à l’IVG fait encore l’objet de mobilisations féministes pour plus d’accessibilité, de moyens et de garanties.

Un droit conquis et seulement « toléré »

À ces revendications s’ajoute une nécessaire vigilance face aux menaces qui pèsent sur ce droit : fermeture de centres IVG, désinformation, offensives anti-choix, prises de position et ambiguïtés politiques…

La lutte pour le droit à l’avortement et à la contraception, pour le contrôle et la réappropriation de nos corps par nous-mêmes est une dimension essentielle du combat féministe. La lutte pour l’accès à l’IVG a donné un coup de pied gigantesque dans la structuration de la société patriarcale : les femmes affirmaient clairement que c’était un droit fondamental pour elles d’avoir ou pas un enfant, et qu’elles ne devaient désormais plus être des procréatrices sous la coupe des hommes, que le corps des femmes n’appartenaient plus au père ou au mari, mais à la femme elle-même, libre d’en faire ce qu’elle souhaitait.

Des évolutions lentes, une bataille permanente

Au fil des années et des mobilisations à l’initiative des féministes, la satisfaction de certaines revendications améliorent progressivement une loi française qui demeurait très restrictive : remboursement en 1982, délit d’entrave à l’IVG en 1993, délai légal porté à 12 semaines et suppression de l’autorisation parentale en 2001, suppression de la notion de détresse en 2014, suppression du délai de réflexion en 2016… Cependant, il ne faut pas oublier qu’à aucun moment il n’y a eu d’évolution naturelle et linéaire vers un progrès inéluctable : tout a été acquis par la pugnacité et la vigilance des associations féministes, d’où l’importance de revendiquer et de se mobiliser ! 

Les difficultés d’accès à l’IVG en France

Aujourd’hui, en France, les coupes dans la fonction publique hospitalière et la logique de rentabilité imposée aux établissements de santé ont rendu plus difficile et inégal l’accès à l’IVG. Les réductions massives de personnel, comme la généralisation de la tarification à l’activité entraînent, mécaniquement, une baisse des rendez-vous possibles et une augmentation des délais d’attente. À cela s’ajoutent la baisse des subventions pour les associations facilitant l’accès à l’avortement, une information qui reste insuffisante, le manque d’éducation dans le cadre scolaire, le choix de la méthode d’avortement qui n’est pas toujours garanti, etc...

De plus, le refus de certains centres de pratiquer les IVG dans les deux dernières semaines du délai légal et le nombre de médecins se retranchant derrière leur pseudo « clause de conscience » posent un vrai problème d’accès à l’avortement.

Le retour de l’ordre moral

Aujourd’hui les partis conservateurs n’hésitent pas à remettre en cause ouvertement le droit à l’IVG : Marine Le Pen parlant d’IVG « de confort », Marion Maréchal-Le Pen déclarant que « l’IVG n’est pas un droit fondamental », François Fillon « philosophiquement opposé à l’IVG en raison de ses croyances religieuses », etc. Ils défendent la « famille traditionnelle » comme pilier de l’ordre capitaliste et patriarcal, alimentant sexisme, homophobie et transphobie.

Que ce soit en France ou ailleurs, l’accès à l’IVG est toujours l’objet d’un bras de fer entre le mouvement féministe et les mouvements réactionnaires. Leurs actions prennent la forme de manifestations, mais surtout de militantisme via le web avec notamment de très dangereux faux sites d’information. Le délit d’entrave à l’avortement ne suffit pas contre ce genre de méthodes.

Une lutte fondamentalement subversive !

Défendre le droit à l’IVG, le droit des femmes à disposer de leur corps, est indispensable pour combattre la division sexiste de la société qui fait reposer sur les femmes l’essentiel de la reproduction de la force de travail, de la naissance à la mort. C’est remettre en cause l’ordre établi dont la famille est l’un des piliers, c’est combattre le sexisme qui divise le monde du travail. Le combat pour l’IVG est un élément essentiel pour l’émancipation des femmes et de l’humanité.