Publié le Mercredi 18 novembre 2020 à 11h48.

Les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles en lutte contre un système d’exploitation raciste et sexiste

Les 20 femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles sont entrées en grève le 17 juillet 2019. Depuis mars 2020, elles sont au chômage partiel, mais continuent la lutte pour leurs droits. Leur revendication principale : se faire embaucher directement par l’hôtel Ibis.

Le dispositif d’embauche via une boîte de sous-traitance, système qui a explosé dans le secteur du nettoyage depuis les années 1990, permet au patronat de payer plus faiblement sa main-d’œuvre, de lui imposer des cadences infernales, de passer outre un ensemble de droits définis par la convention collective de l’hôtellerie, de briser la communauté de travail en ayant sur un même site des salariéEs embauchés par différents employeurs et en recourant abusivement à la clause de mobilité. Le harcèlement moral fait partie du quotidien pour ces femmes : faire une chambre en 17 minutes, comme l’impose leur boîte de sous-traitance STN, étant dans les faits irréalisable, la pression de la hiérarchie est constante.

Exploitation sexiste et raciste

Les grévistes insistent de plus sur deux autres points. D’une part, ce n’est pas un hasard si la totalité d’entre elles sont des travailleuses d’origine africaine : la sous-traitance est aussi un système d’exploitation raciste. D’autre part, ce dispositif d’embauche, en les fragilisant, les expose d’autant plus aux violences sexistes. En 2018, l’ancien directeur de l’hôtel a violé une de leurs collègues (le procès est en cours, le directeur a été muté sur un autre établissement). Au boulot, les comportements sexistes comme les attouchements des clients sont selon elles fréquents. Mais comme elles peuvent se faire muter du jour au lendemain, qu’elles sont isolées dans l’hôtel et que beaucoup d’entre elles ont des titres de séjour dépendant de leur travail, revendiquer leurs droits est particulièrement difficile.

Leur lutte a ainsi été l’occasion, avec leur syndicat, la CGT-HPE, de mettre en avant le poids du racisme et du sexisme dans les formes de l’exploitation au travail. Cela permet non seulement d’avancer dans la lutte contre le patronat mais aussi dans la construction d’organisations syndicales ­débarrassées de ces maux.