La crise du coronavirus aura mis en lumière et aux yeux de touTEs l’état désastreux de nos services publics, en particulier de nos hôpitaux. Le manque de personnels (infirmières anesthésistes entre autres), de lits en réanimation, de respirateurs voire même de protections des plus basiques comme les masques, le gel hydroalcoolique ou les surblouses, sont révélateurs du manque de moyens dans les hôpitaux et ont eu des conséquences dramatiques, les soignantes étant particulièrement exposées au Covid…
Le manque de moyens à la fois financiers et humains a un coût énorme sur la santé des travailleuses de l’hôpital. Aides de service hospitalier, aides-soignantes, infirmières, agentes d’entretien... les femmes ont été en première ligne, non seulement au chevet des malades en souffrance en réanimation ou en soins de suite et de réadaptation (SSR), mais aussi face à la dégradation de leur lieu de travail. Destruction méthodique de leurs conditions de travail qu’elles ont dû pallier de manière parfois inhumaine et dégradante : des masques qui se gardent une journée entière, ne pas pouvoir boire ou manger pendant 12 heures, des surblouses en sacs poubelles…
Les soignantes trinquent
En l’absence de ces moyens humains et matériels, ce sont donc les soignantes qui trinquent : 30 % des nouvelles diplômées quittent la profession après cinq ans seulement d’exercice. Les burn-out se multiplient (ils concerneraient une soignante sur deux) et conduisent parfois au suicide. Car, à ce que nous avons déjà énoncé ci-dessus, s’ajoutent les habituels manques de reconnaissance du métier, les bas salaires et les horaires difficiles (c’est peu de le dire). Sans compter les contrats précaires avec des périodes d’essais à rallonge, allant jusqu’à huit mois.
La situation spécifique des étudiantes stagiaires
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces dernières ne sont pas payées, elles touchent environ 1,40 euro de l’heure pour effectuer du travail de terrain. En tout ce sont des millions d’heures de travail gratuit à l’hôpital public et ailleurs, au nom de la formation mais qui bien souvent pallient les manques des services. Tout cela dans des conditions souvent dégradantes et humiliantes, alternant la surcharge de travail et le bizutage sexiste. À ce sujet les langues se délient derrière le hashtag #BalanceTonStage.
La lutte continue !
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir tiré la sonnette d’alarme contre la logique managériale qui régit désormais nos hôpitaux publics : lutte contre les fermetures de lits (depuis 20 ans plusieurs dizaines de milliers de lits ont été fermés), pour des embauches (on estime que 200 000 embauches supplémentaires sont nécessaires rien que pour les EPHAD). Plusieurs milliers de lits supplémentaires seraient nécessaires pour tourner correctement.
Mais la lutte continue ! La manifestation du 16 juin dernier a montré que les soignantEs étaient prêtes à descendre dans la rue pour faire valoir leurs droits et pour travailler dans des conditions correctes. Plus question pour nous d’être les héroïnes de la nation mais bien des travailleuses, soignantes, au service des malades et reconnues comme telles.
Le « Ségur » de la santé a essayé de calmer les esprits avec une prime de 300 euros mais il n’avait pas pour but de combler les années de destruction massive de nos hôpitaux. Personne n’est dupe, d’ailleurs le gouvernement est à nouveau à l’attaque avec la proposition inacceptable du paiement des passages aux urgences.
À l’appel d’un large front syndical et politique, la manifestation du 7 novembre à Toulouse a réuni 5 000 soignantEs et usagerEs dans la rue malgré le confinement tout en respectant les gestes barrières. C’est un exemple à suivre pour reconstruire sur nos lieux de travail des collectifs et des luttes pour obtenir plus de moyens. Nous devons nous battre massivement pour notre droit à la santé et le droit pour les professionnelEs de travailler dans de bonnes conditions. Cela passera par des manifestations dans la rue !