À l’époque de la mondialisation, les capitaux se déplacent en fonction des opportunités de profit et le patronat met en concurrence travailleurEs et sites de production des différents pays et continents. Quant aux questions écologiques, il est évident que leur solution nécessite une coordination par-delà les frontières. Face à la coopération internationale des bourgeoisies, les travailleurEs, les exploitéEs et oppriméEs apparaissent tragiquement en retard, enfermés dans des organisations dont l’écho ne s’étend guère au-delà des frontières nationales. Et pourtant, l’internationalisme est le patrimoine le plus ancien du mouvement ouvrier.
Il y a 100 ans, le 2 mars 1919, était fondée à Moscou la IIIe Internationale, destinée à rassembler les courants qui avaient, dans les différents pays, refusé de se joindre à l’Union sacrée derrière leur impérialisme et qui soutenaient la révolution russe. Internationalistes convaincus, les principaux dirigeants de la nouvelle Russie, et notamment Lénine et Trotski, considèrent que leur révolution n’a de sens et d’avenir que comme premier acte d’une révolution s’étendant au monde entier.
Une conférence internationale se tient en mars 1919 à Moscou, en pleine guerre civile, et se transforme en congrès de fondation de la iiie Internationale. Elle succède à la Ie fondée en 1864 et dont le discours inaugurale avait été rédigée par Marx, et à la IIe, fondée en 1889. Celle-ci, qui réunissait des partis regroupant des centaines de milliers de membres, avait failli en 1914.
Malgré l’écho international de la révolution, après les défaites subies en Allemagne et en Hongrie, la Russie restera isolée. La non-extension de la révolution confirmera le pronostic initial. Ce sera l’heure de de Staline, qui liquidera l’essentiel des vieux bolcheviks et transformera les partis communistes en auxiliaires de la politique soviétique. En 1943, la IIIe Internationale sera dissoute par Staline.
En 1938, Trotski annoncera la fondation d’une IVe Internationale, restée très minoritaire et divisée. Depuis, malgré le mouvement altermondialiste, le mouvement paysan international « Via Campesina », les choses sont restées en l’état. Les organisations syndicales internationales sont largement enfermées dans des concertations derrière les portes closes de l’UE ou de l’OCDE. Les réunions internationales des partis « socialistes » ne sont que des colloques sans guère d’importance. Les coordinations des forces anticapitalistes restent trop faibles.
Et pourtant, plus que jamais, face à l’internationale des bourgeoisies, la construction d’une Internationale des exploitéEs capable de prendre en compte les luttes ouvrières, celles des paysanEs pauvres et les questions d’environnement, devrait être un fil directeur de notre action.
Henri Wilno