Emblématique des conditions de la classe ouvrière d’Inde, l’année 2020 a débuté par un incendie meurtrier dans une usine de Delhi dont le gouvernement refuse de donner le nombre de victimes. En décembre déjà, une centaine de travailleurEs migrants étaient morts dans l’incendie d’ateliers textiles illégaux de la capitale. Près de 300 000 paysanEs se sont suicidés ces vingt dernières années. Et en 2018, le rapport d’une banque Suisse indiquait que 60 % de la population détenait moins de 5 % des richesses du pays tandis que 10 % en possédait plus des trois quarts. Sous les contestations politiques couvent une colère sociale.
Mouvement de grève(s)
Le BJP est devenu le principal parti du capital indien et international, et l’allié des gouvernements à leur service, en témoigne l’invitation de Bolsonaro en Inde pour la fin janvier. Le premier soutien international de Modi après sa réélection en avril 2019 était Bill Gates, qui lui a accordé fin septembre le prix de sa « fondation caritative ». Et pour cause, car Modi s’attaque aux quelques protections syndicales et salariales existantes pour certains travailleurEs. On assiste aux pires résultats économiques de ces 30 dernières années, avec des conséquences désastreuses pour la population dont une hausse continue du chômage.
De grande ampleur, des grèves ont lieu cette semaine et les partis de gauche ont appelé à cinq jours de mobilisation jusqu’au 8 janvier. Les grèves s’annoncent, par exemple, assez suivies parmi les ouvriers de la métallurgie de Wazirpur, une zone industrielle de centaines de petites entreprises travaillant la ferraille au nord-ouest de Delhi. Des organisations paysannes appellent aussi à rejoindre la grève et les syndicats d’enseignants ont mis en avant le retrait du NRC et du CAA dans leurs revendications. Ces mobilisations permettront peut-être de réelles grèves comme celle des travailleurs du jute du Bengale-occidental l’année dernière, et pourraient dans le contexte actuel revêtir une dimension particulière. Pour cela, il faudra que les travailleurEs combattent les calculs et perspectives des syndicats et des organisations de gauche soutenant habituellement le Congrès. Ce dernier, mais aussi ses avatars, ne sont en rien un rempart face à l’extrême droite.
Chris Miclos