Publié le Jeudi 12 décembre 2024 à 08h00.

New Delhi suffoque

Après un été caniculaire, pics à 47 °C, les 25 millions d’habitantEs de la mégapole étouffent depuis la mi-novembre sous un épais smog. Sa composition en particules fines est 60 fois supérieure aux limites de dangerosité retenues par l’OMS nous signale Reporterre. L’État d’urgence a été décrété.

La mesure la plus importante, la fermeture de toutes les écoles, ne règle pourtant rien. Bien au contraire puisque les logements de l’immense majorité de la population ne permettent pas un confinement efficace. Cette mesure prive en outre la masse des enfants d’un repas quotidien assuré ordinairement par l’école. Et quand cette pollution s’atténue, on reste très au-dessus des limites supportables par les organismes. Les bébés sont particulièrement vulnérables et les hôpitaux sont totalement dépassés par l’ampleur de la catastrophe.

Brûlis agricoles, industrie et circulation automobile

Les brûlis traditionnels des rizières dans toute la région sont pointés mais les alternatives à ces pratiques ne sont qu’à l’état d’ébauche. La grande densité industrielle est en cause. Très majoritairement, cette industrie reste liée au charbon avec toutes les conséquences connues. Et ici, comme partout sur la planète, la voiture individuelle et les deux-roues motorisés congestionnent tout. L’exceptionnelle densité de population aggrave évidemment la situation. Les habitantEs de New Delhi sont en grande souffrance. Les plus pauvres sont en première ligne.

Catastrophe sanitaire en Inde et Pakistan

À l’échelle mondiale, en 2019, l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) estimait à 4,2 millions le nombre de décès prématurés provoqués par la pollution de l’air extérieur dans les villes et les zones rurales. Les effets sanitaires des aérosols varient selon la taille et la composition chimique des particules. Les plus grosses (de 2,5 à 10 μm) impactent la santé respiratoire. Les plus fines (2,5 μm ou moins) peuvent pénétrer très profondément dans l’appareil respiratoire et même passer dans la circulation sanguine causant des maladies cardiovasculaires. C’est toute la région de l’Inde et du Pakistan qui subit la double peine : augmentation des aérosols dans l’atmosphère et vague de chaleur extrême.

Inaction climatique de Modi

Modi affiche l’objectif de neutralité carbone pour 2070, c’est-à-dire repousse toute action conséquente aux calendes grecques. Or l’économie indienne est à plus de 70 % liée aux énergies fossiles, à 45 % rien que pour le charbon. Et l’Inde va encore augmenter ses rejets carbonés (+ 8,3 % en 2023, + 4,6 % prévus pour 2024). Nul doute que Modi se sentira renforcé dans ses options par la réélection de Donald Trump.

La dernière COP de Bakou enterre un peu plus la COP de Paris de 2015 et son objectif affiché à contenir le réchauffement à + 1,5 °C, son caractère inopérant avec ses préconisations restreintes et non contraignantes. 

Mais partout, y compris à New Delhi où les familles s’organisent, monte l’exigence de plus en plus forte de rompre avec l’inaction climatique. La course est engagée. 

Commission nationale écologie