Publié le Mercredi 3 mai 2017 à 11h31.

Corée : une paix jamais signée

La guerre de Corée (1950-1953) remonte à 65 ans, mais aucun traité de paix n’a été signé, seulement un armistice. La péninsule vit toujours officiellement sous état de guerre, une situation qui n’est pas formelle. Les États-Unis notamment en particulier espèrent toujours emporter une victoire qui leur a échappé le siècle passé...

Les péninsules occupent souvent une position géostratégique disputée. C’est bien le cas ici. L’influence japonaise s’affirme à la fin du 19e siècle aux dépens de la Chine, militairement défaite par le premier impérialisme asiatique. En 1910, le pays est purement et simplement annexé par Tokyo. Il ne retrouve son indépendance qu’en 1945 avec la capitulation du Japon. Moscou et Washington ont alors décidé de désarmer eux-mêmes l’armée japonaise, créant deux zones d’occupation au nord et au sud du 38e parallèle.

Au sud, un influent comité nationaliste de gauche et communiste proclame la création d’une République populaire, s’opposant au gouvernement provisoire de Syngman Rhee que les États-Unis soutiennent. Ce combat est endogène : il n’est « exporté » ni par Moscou ni par Pékin ni par Kim Il Sung. Washington riposte en instaurant un régime militaire à Séoul. L’armée US supprime les comités d’indépendance nationale en s’appuyant sur la police nippone, sur des fonctionnaires japonais et leurs collaborateurs coréens. En 1948, Syngman Rhee est élu président de la République de Corée (Corée du Sud). Des guérillas communistes résistent à l’établissement de son pouvoir dictatorial. La République populaire est à son tour proclamée en Corée du Nord, avec des élections clandestines organisées au Sud.

L’ascension despotique de Kim Il Sung...

C’est dans ce contexte de guerre civile au Sud qu’éclate le conflit coréen en 1950. Il prend rapidement une dimension internationale. Sous le drapeau de l’ONU, les États-Unis engagent un puissant corps expéditionnaire. L’armée du Nord est refoulée jusqu’aux abords de la frontière chinoise. Pékin (qui souhaitait pourtant se consacrer à la reconstruction du pays) entre en lice, repoussant à son tour les forces étatsuniennes jusqu’au 38e parallèle. Le front se stabilise et, en 1953, une zone démilitarisée de 4 km de large est constituée entre les deux États, devenant de fait l’une des plus riches réserves naturelles de la planète.

Ce que Philippe Pons appelle la « nébuleuse communiste » coréenne comprenait quatre composantes : la résistance intérieure, les exilés en Union soviétique, le groupe de Ya’nan ayant rallié le Parti communiste chinois et une unité de partisans opérant en Chine sans avoir ­intégré le PCC.

Kim Il Sung dirigeait cette unité. Il n’est revenu en Corée du Nord qu’un mois après l’armée russe. Moscou a favorisé son ascension à la tête du nouveau régime, alors que sa fraction était très minoritaire à la direction du Parti communiste coréen. Il n’est pas pour autant devenu leur homme lige. Au cours des années 1950 et 1960, il a consolidé à coups de purges sa mainmise sur le pouvoir. Les premiers sacrifiés furent les communistes de l’intérieur, éliminés à l’occasion de procès truqués. Les « pro-soviétiques » et les « pro-chinois » subirent plus tard un sort similaire.

Le régime est devenu despotique, puis dynastique...