Publié le Mercredi 22 mai 2024 à 10h50.

La Kanaky, de l’oppression à la lutte

Lorsque la France prend possession de la Kanaky en 1853, l’archipel est habité par un peuple de dizaines de milliers de personnes vivant sur ces terres depuis 3 000 ans, avec sa culture, son économie, son organisation sociale.

Colonies de peuplement 

En 1972, l’État français s’engage dans une politique de peuplement et encourage l’installation de Français, alors que les Kanak sont majoritaires dans la population. En 1981, le peuple kanak ne représente plus que 40 % de la population. Mais l’heure est à l’espoir : le droit du peuple kanak à l’indépendance est inscrit dans le programme commun de François Mitterrand. Une partie minoritaire de Caldoches accepte de former un gouvernement local présidé par Jean-Marie Tjibaou, tandis que la majorité de la droite coloniale se radicalise. Des milices se forment. 

En 1983, l’Assemblée territoriale est prise d’assaut, des élus indépendantistes tabassés. En 1984, l’État présente son projet de statut : nouvelles institutions, réforme foncière, plus grande autonomie. Mais selon la Constitution française, tout métropolitain de passage ou venant d’arriver a les mêmes droits qu’un Kanak pour décider de l’avenir de l’archipel. À l’Assemblée nationale, les députéEs de gauche, majoritaires, repoussent les amendements déposés par le seul député kanak... La politique de ­peuplement peut se ­poursuivre.

Radicalisation des indépendantistes dans les années 1980

En septembre 1984, le FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste) est créé, et un gouvernement provisoire est formé. Le 18 novembre, jour des élections aux nouvelles institutions, c’est le début de l’insurrection, Éloi Machoro brise l’urne de son village à coups de hache. En France, des milliers de militantEs organisent la ­s­olidarité.

De 1984 à 1988, l’archipel vit une situation révolutionnaire. Aux actions du FLNKS, l’État répond par la répression et laisse faire les milices. L’Assemblée générale de l’ONU réinscrit la Nouvelle-Calédonie sur la liste des territoires à décoloniser. Le FLNKS est reconnu légitime pour représenter le peuple kanak.

Les accords de Nouméa

En 1988, puis en 1998, le FLNKS négocie avec la droite coloniale. Les accords de Nouméa de 1998 actent la volonté de l’État français d’engager une politique de décolonisation. Trois référendums sont prévus en 2018, en 2020, en 2022 sur l’accession du pays à la pleine souveraineté : 43 % en 2018, 47 % en 2020 votent pour l’indépendance. En 2022, l’État impose la tenue du 3e référendum en pleine crise du covid. Le peuple kanak, fortement touché, enterre ses centaines de morts et boycotte à plus de 90 % le référendum. Résultat : 43 % de participation et 96 % pour rester une colonie ­française.

Combattre la nouvelle loi constitutionnelle

La loi constitutionnelle votée le 14 mai 2024, portée par le gouvernement et soutenue par la droite locale, est une rupture avec les accords passés en 1998. Elle est contraire aux nombreuses résolutions de l’ONU.

Dès avril, de nombreuses manifestations ont eu lieu pour s’opposer au vote à l’Assemblée nationale du dégel du corps électoral. Ce vote favorable va donner plus de pouvoir aux Caldoches, à la droite… et déjà l’État français envoie du renfort militaire et policier pour mater le peuple kanak et sa jeunesse qui combat pour ses droits. Plein soutien au droit des Kanak à disposer d’eux-mêmes !