Publié le Mercredi 2 octobre 2024 à 11h05.

La montée des luttes sociales et démocratiques

Dans ce contexte de crise économique, sociale et politique nous assistons depuis plusieurs mois à un regain des luttes ouvrières. Divers secteurs se mobilisent régulièrement : les enseignantEs, les retraitéEs, des salariéEs de la pétrochimie…

Important mouvement des infirmières

Ces derniers mois, et cela est une première, ont eu lieu dans de nombreuses villes des manifestations et des grèves simultanées d’infirmières. Ces mobilisations pour des hausses de salaire et des conditions de travail plus dignes se poursuivent malgré la répression. Le niveau inédit d’organisation de cette lutte, ainsi que le soutien important de la population qui se reconnaît dans les revendications avancées, inquiète particulièrement le pouvoir qui craint une contagion. 

Cette mobilisation, dont des femmes sont en première ligne, doit être considérée comme l’une des suites du soulèvement « Femme, Vie, Liberté ». Cette lutte exemplaire se caractérise par un niveau de coordination nationale rarement atteint sous la dictature théocratique. Le mouvement des infirmières comble en partie certaines faiblesses du soulèvement de 2022. 

Pour la première fois, ce mouvement social qui traverse ­l’ensemble du pays, met sur le devant de la scène une lutte faisant converger, au travers d’un affrontement de classe, le combat des femmes et celui des minorités nationales. Il fait franchir un seuil décisif au combat contre les préjugés et méfiances régionales ­entretenus par le pouvoir.

Cette lutte exemplaire mérite amplement la solidarité des syndicats de la santé dans le monde entier, et plus largement de l’ensemble du ­mouvement ouvrier et démocratique.

Libération des syndicalistes des transports

Au même moment, sous l’effet du rapport de forces, de la solidarité internationale et de la mobilisation de syndicats européens et notamment français 1, des figures de premier plan du syndicat Vahed (syndicat des travailleurEs des transports en commun de Téhéran et sa banlieue) ont été libérés. Cela constitue un formidable encouragement pour les réseaux militants en exil, dont des organisations comme Solidarité socialiste avec les travailleurs d’Iran (SSTI) 2, qui n’ont cessé de militer pour que des actions de solidarité se développent à l’échelle internationale.

Enfin, dans les prisons, des détenuEs d’opinion et notamment des femmes mènent une lutte courageuse et quotidienne contre leur détention, contre la torture et les exécutions dont les prisonnierEs d’origine kurde et baloutche sont les premières victimes, ainsi que contre la République islamique. Depuis l’élection de Pezeshkian, les exécutions de détenus ont augmenté, la répression des minorités nationales est permanente, le harcèlement des femmes et de la jeunesse est incessant. Le nouveau président s’inscrit à ce titre dans la lignée d’Ahmadinejad ou de Raïssi, celui que l’on a surnommé le « boucher de Téhéran » pour son rôle dans les exécutions de milliers de prisonnierEs politiques à la fin des années 1980. De fait, que le président soit « modéré » ou « conservateur », toute caractérisation progressiste de ce régime est problématique. À titre d’exemple, les prises de positions de Youssef Boussoumah, l’unE des co-fondateurEs du « QG décolonial » et de « Paroles d’honneur », qui a appelé à prier pour que le président Raïssi sorte indemne de son accident d’hélicoptère, ou celles de Houria Bouteldja, co-­fondatrice de ces structures qui avait en 2016 présenté Ahmadinejad comme étant « son héros », ­constituent des ­positionnements de type campistes qui tournent le dos aux aspirations populaires et à la réalité sociale et politique. 

Le combat pour l’égalité, pour les libertés démocratiques, pour les droits des travailleurEs et la justice sociale sont indissociables.