Publié le Mercredi 29 mars 2017 à 11h12.

Un projet internationaliste

Les guerres sont toujours aussi nombreuses en Afrique ou au Moyen-Orient, avec bien souvent la participation de l’armée française. Des populations cherchent à fuir la guerre ou la misère mais ici, tous les dirigeants politiques, filant le train à Marine Le Pen, font de la surenchère nationaliste contre les immigréEs.

Nous défendons au contraire une politique de solidarité internationale. Cela signifie une rupture avec l’ingérence de la France aux quatre coins du monde, souvent en défense de dictatures, pour préserver sa place parmi les pays occidentaux qui organisent l’ordre mondial et pour défendre les intérêts des grands groupes capitalistes, comme Bouygues, Total, Bolloré, Areva, etc.

Nous n’avons aucun intérêt dans cette politique qui opprime et frappe les peuples dont nous devons au contraire être solidaires. Nous nous côtoyons dans les mêmes entreprises, que nous soyons parisienEs ou bretonEs d’origine, Algériens, Maliens ou Polonais. Nous sommes exploités par les mêmes trusts, que l’on soit en Roumanie, en Turquie ou au Maroc. Nous n’avons pas d’intérêts communs avec nos patrons, qu’ils soient français ou qu’ils dirigent le trust Ford, et refusons toute politique menée au nom des soi-disant « intérêts de la France » qui ne sont, en réalité, que les ­intérêts des capitalistes français.

L’Europe : une forteresse capitaliste

L’Union européenne n’est pas un progrès, la circulation est plus facile entre les différents pays, pour celles et ceux qui ont la chance d’avoir un passeport issu d’un État membre, mais cette Union européenne est une forteresse bardée de frontières à sa périphérie. Elle refoule celles et ceux qui fuient la misère ou les guerres, les exposant ainsi à la noyade ou les renvoyant vers des camps, en Turquie ou ailleurs.

Les institutions qui gouvernent cette Europe sont encore plus antidémocratiques que celles qui gouvernent la France ou l’Allemagne. Tous les traités européens ont été écrits pour défendre les droits des capitalistes européens et remettre en cause les droits sociaux. Nous avons rejeté en France, en 2005, le Traité constitutionnel. Ce vote a été bafoué quelques mois après, comme a été bafoué le vote du peuple grec contre les diktats du FMI et de la Banque centrale européenne.

Le vote pour le Brexit a signifié pour une partie de la population britannique un rejet de l’Europe libérale, mais il a également été alimenté et capté par une droite réactionnaire qui prend pour cible les travailleurEs étrangers et laisse les mains libres à la City de Londres pour continuer à semer l’austérité et la précarité en Grande-Bretagne. D’ailleurs, le processus de Brexit s’accompagne actuellement de multiples traités de libre-échange pour le remplacer.

Ce sont bien les gouvernements des divers pays européens qui gouvernent l’Union européenne, et les patrons des grands trusts européens qui y font la loi. Plus précisément, ce sont les patrons et les banques des pays les plus riches, en premier lieu de France et d’Allemagne, qui imposent leurs volontés aux pays les plus faibles. Ils imposent, par exemple, une politique d’austérité draconienne aux travailleurEs grecs. Et c’est cette même austérité (baisse des salaires et des retraites, coupes dans les dépenses sociales…) qu’ils tentent d’imposer en France.

Le protectionnisme comme solution ?

Certains candidatEs proposent un « patriotisme économique » et un retour à la production et au marché national comme solution aux ravages de la mondialisation néolibérale. Dans la situation actuelle, cela revient à défendre les intérêts des entreprises françaises, du patronat français. Les salariéEs, en revanche, seraient les victimes de la guerre commerciale entre puissances et leur mise en concurrence continuerait sous d’autres formes.

Dans le capitalisme, les marchandises et les capitaux circulent, pas les personnes. Nous pensons qu’il faut l’exact inverse :

υ La liberté de circulation et d’installation, la citoyenneté de résidence, des droits égaux pour tous les salariés quelle que soit leur nationalité.

υ Le rejet de tous les traités de libre échange, dont ceux de l’Union européenne.

υ Le contrôle sur les mouvements de capitaux, en particulier l’arrêt de l’évasion fiscale, qui représente en France 80 milliards par an.

υ Une coopération entre les pays. Nous sommes contre cette Europe, mais pour une Europe des travailleurs et des peuples, où tous les droits sociaux seraient alignés par le haut (salaires, protection sociale, droit à l’IVG…). Nous voulons la promotion des circuits courts, sans critère de frontières, et la ­souveraineté alimentaire.

Notre Europe, celle des travailleurEs

Nous sommes solidaires des travailleurEs grecs, comme des travailleurEs de Pologne ou d’ailleurs qui travaillent ici en France. N’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon qui, employant une formule que ne renierait pas Marine Le Pen, déclarait en juillet dernier, qu’un « travailleur détaché » venant d’un autre pays d’Europe « vole son pain aux travailleurs qui se trouvent sur place ». Il y a cent ans, certains ­disaient aussi que les femmes ­volaient les emplois des hommes... Mais ceux qui nous volent notre pain sont les patrons !

Le patronat cherche en permanence à diviser les salariéEs, à casser nos droits et nos salaires. Pour cela il filialise, sous-traite en France, mais aussi à l’étranger, dans l’Union européenne ou dans d’autres pays. Les autres travailleurEs sont nos alliés contre nos patrons communs. Lorsque ceux de Renault-Dacia en Roumanie, de Bosch ou de Renault en Turquie se mettent en grève pour l’augmentation de leurs salaires, comme ils l’ont fait en 2015, cela ne peut que nous renforcer, travailleurEs de France ou d’Allemagne. La seule façon de lutter efficacement contre le « dumping social », c’est d’exiger dans chaque multinationale des droits et des salaires équivalents, que l’on soit en Roumanie, en Tunisie, au Maroc ou ailleurs, en s’alignant sur les standards les plus favorables.

Avec l’Union européenne, les patrons de différents pays ont très bien su s’entendre en vue de développer leur marché, et ils coordonnent leurs attaques contre le monde du travail. On peut voir la similitude entre les lois qu’ils nous imposent pour retarder l’âge de la retraite, augmenter le temps de travail, multiplier la précarité, etc.

Il est donc temps que les travailleurEs, le mouvement ouvrier, se coordonnent par-delà les frontières afin de se défendre ensemble contre cette classe d’exploiteurs.