Cette élection présidentielle a encore montré que dans le contexte actuel ce sont les réactionnaires qui ont le vent en poupe… Plus de 10 millions de voix pour le FN, et presque 20 % des voix pour Fillon au premier tour, malgré les casseroles qu’il traîne…
Cependant, on aurait tort de penser que Macron serait le candidat maintenant président LGBTI friendly. S’il est certain que les LGBTI s’en serait pris plein la tête avec Fillon (soutenu par Sens Commun, le mouvement issu de la Manif pour tous), et évidemment encore plus avec le FN au pouvoir, Macron n’est pas en reste en termes de soutien des homophobes.
On se souviendra longtemps de ses paroles en interview pendant la campagne présidentielle condamnant la façon de faire du gouvernement Hollande, prétendant que celui-ci aurait « humilié » les militantEs de la Manif pour tous. Quelle révision de l’histoire, quand on sait que c’est ce même pouvoir qui a permis de libérer la parole homophobe, mais surtout que les actes et agressions homophobes se sont décuplés pendant et après le cycle des Manif pour tous...
Un gouvernement anti-LGBTI
Dès son élection, il a fait fort puisque l’annonce de son gouvernement a eu lieu lors de la journée contre l’homophobie,nommant Gérald Darmanin, issu des Républicains, ministre de l’Action et des comptes publics, lui qui s’est opposé au mariage pour touTEs quand il était député. Quant au Premier ministre Édouard Philippe, il s’est lui abstenu sur la loi, et a signé une tribune contre la PMA et la GPA, assimilant les deux comme l’ont fait à de nombreuses reprises les opposants à la loi... alors même que la GPA n’a jamais été dans la loi ! Que peuvent attendre les personnes LGBTI de ce nouveau gouvernement qui n’a pas rétabli de ministère des Droits des femmes ? Seulement plus d’austérité et de casse de nos droits.
Macron a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée, ce qui va lui permettre de gouverner par ordonnances. La lutte quotidienne pour les droits des LGBTI nécessite pourtant des moyens financiers et humains, incompatibles avec la précarisation voulue par le Medef et le gouvernement. Les LGBTI sont particulièrement touchéEs par les politiques d’austérité : qu’il s’agisse de la baisse du nombre de places d’accueil en foyer pour les LGBTI en rupture familiale, des coupes budgétaires dans la santé qui affectent les politiques de prévention et de soins du VIH/Sida, ou encore du financement des associations de lutte contre l’homophobie et la transphobie. De plus, la casse du droit du travail et de la représentation syndicale prévue par la loi va désarmer les LGBTI face à l’homophobie au travail.
Si le FN a fait un score plutôt bas aux législatives par rapport à son score à la présidentielle, nous aurions tort de ne pas considérer ce parti comme un véritable danger pour nos droits, et pour les droit de touTEs les oppriméEs.
De manière générale, on voit bien que les idées réactionnaires gagnent de plus en plus de terrain : racisme, sexisme, LGBTIphobies. Ce sont nos oppressions qui servent de terreau aux idées d’extrême droite et réactionnaires. Les combattre spécifiquement doit être une de nos priorités.
Où est passée l’égalité des droits ?
Nos oppressions – l’homophobie, la lesbophobie, la biphobie, la transphobie – demeurent bien présentes dans notre société. Elles peuvent passer par de nombreux biais : des formes les plus « banalisées » du quotidien (moqueries, injures dans les cours d’école ou les stades), des inégalités inscrites dans la loi, l’invisibilisation dans la culture et dans les modèles éducatifs, aux agressions physiques plus violentes, voire meurtrières. Malgré une tolérance de façade dont s’accommode parfaitement la société capitaliste et marchande dans de nombreux pays, il ne faut pas s’y tromper : pour l’égalité réelle, il faudra repasser...
Les personnes LGBTI ont été la caution de gauche du précédent gouvernement. Après l’avoir promis, la PMA a été depuis enterrée. La filiation directe est toujours impossible : les couples homosexuels mariés sont encore obligés d’adopter leurs propres enfants, et aucune filiation ne peut être établie en dehors du mariage pour les enfants des couples homosexuels.
Au niveau du droit des trans, une nouvelle loi a été adoptée en octobre 2016. Si cette loi contient quelques avancées – le changement de prénom se fait librement et gratuitement –, le changement de la mention de sexe – si elle devient démédicalisée – reste très coûteuse judiciairement puisqu’elle doit se faire devant le Tribunal de grande instance en présence d’un avocat.
Reprendre le chemin des luttes !
C’est par nos luttes que nous avons obtenu des victoires partielles, dont la loi pour le mariage pour touTEs. Il s’agit évidemment d’une réelle avancée pour nos droits. Mais force est de constater que ces avancées sont incomplètes et font persister des inégalités.
L’oppression des LGBTI n’est pas que le fait d’absence ou de manque partiels de droits. C’est tout un système fait de discrimination, d’invisibilisation et de violences. C’est un ensemble de normes qui opprime chacunE d’entre nous, en ne nous permettant pas de nous émanciper, de vivre notre sexualité comme on l’entend. C’est un ensemble de normes de genre qui ne permet pas à chacunE de s’épanouir. Le combat contre le patriarcat est indissociable de la lutte contre le capitalisme. Il est temps de reprendre le chemin des luttes.
Nous voulons :
▸ les mêmes droits pour toutes et tous, femmes et hommes, homos et hétéros ;
▸ la procréation médicalement assistée pour toutes les femmes ;
▸ une filiation directe pour les couples de mêmes sexes ;
▸ la fin des stérilisations forcées, le changement d’état civil sur simple demande ;
▸ l’arrêt des mutilations des personnes intersexuéEs ;
▸ des moyens financiers contre les LGBTIphobies.