Publié le Samedi 2 juillet 2016 à 10h38.

LGBTI : Contre les trahisons du gouvernement, reprenons le combat !

Aujourd’hui encore, les LGBTIphobies sont présentes dans toutes les sphères de la société...

Des formes les plus « banalisées » du quotidien (moqueries, injures dans les cours d’école ou les stades…) aux agressions physiques plus violentes, voire meurtrières, l’homophobie, la lesbo­phobie, la biphobie, la transphobie, demeurent bien présentes dans notre société, malgré une tolérance de façade dont s’accommode parfaitement la société capitaliste et marchande.

Bien-sûr, à force de militantisme, de combats et de fierté, nous avons obtenu des victoires partielles. Le vote des lois instaurant le Pacs, l’aggravation des peines encourues (le délit d’injure homophobe…) et bien évidemment l’ouverture du mariage aux couples de personnes de même sexe constituent de réelles avancées. Mais force est de constater que ces avancées, acquises dans la douleur, sont incomplètes et font persister certaines inégalités, laissant le champs libre à des discriminations et à des violences insupportables.

Ainsi, le rapport annuel publié en 2016 par SOS homophobie révèle que plus de 60 % des témoignages reçus concernent l’homophobie et la transphobie du quotidien (lieux publics, famille, travail, voisinage, commerces et services, milieu scolaire).

Trois ans après le mariage pour touTEs, l’avancée des droits pour les personnes LGBTI au point mort

Il y a trois ans, nous sommes ­descendus massivement dans les rues pour revendiquer le droit de pouvoir choisir de se marier ou non. Après des mois de tergiversation politique, le gouvernement n’a eu d’autre choix que d’accorder le droit au mariage aux couples de même sexe. Mais c’est un mariage au rabais que le gouvernement nous a accordé : 11 nationalités en sont encore privées, les couples homosexuels mariés sont encore obligés d’adopter leurs propres enfants, aucune filiation ne peut être établie en dehors du mariage pour les enfants des couples homosexuels.

De plus, la PMA (procréation médicalement assistée) pour toutes et le changement d’état civil pour les personnes trans, revendications essentielles du mouvement LGBTI, ont été sacrifiés par le gouvernement, soucieux de ménager les réactionnaires de la Manif pour tous, dans une situation politique déjà instable. Nous attendons toujours l’avis du Comité d’éthique sur la PMA, reporté d’année en année. Aucun véritable moyen n’a été mis en place pour lutter contre les LGBTIphobies, qui continuent de faire des ravages dans toutes les sphères de la vie (à l’école, au travail), ou encore pour la santé des LGBTI (VIH/sida, etc.).

Les LGBTI ne seront pas la caution du PS

Malgré cette situation déplorable, à un an de l’élection présidentielle, le gouvernement entend utiliser le mariage pour touTEs comme argument central de sa campagne électorale et redorer ainsi son image quelque peu ternie par la contestation qui ne cesse d’enfler contre sa politique (loi travail, migrantEs, état d’urgence). Pire, il fait de la PMA une promesse de campagne pour l’après-2017. Or, le gouvernement nous a prouvé par la pratique qu’il ne fallait rien attendre de lui. Pour gagner de réelles avancées, il nous faut reprendre en main nos luttes, retourner dans la rue, imposer nos revendications. Et c’est possible, d’autant plus qu’on voit bien en ce moment, avec le mouvement contre la loi travail, que le gouvernement est fragilisé. Mais ce qu’on voit surtout, c’est que pour gagner des choses, il faut instaurer un rapport de forces élevé, dans la rue. Le mouvement LGBTI ne peut se contenter d’être attentiste.

Cette année encore, la Marche des fiertés parisienne organisée par l’Inter-LGBT a fait le choix de ne pas mettre en avant le bilan désastreux du quinquennat de Hollande. La mise en avant de revendications trans par l’inter-LGBT est symboliquement importante. Mais elle n’est malheureusement assortie d’aucune stratégie pour gagner, sur ces droits comme sur les autres revendications, alors même que le projet d’amendement actuellement discuté par les parlementaires sur la question du changement d’état civil pour les personnes trans ne répond en rien aux revendications des associations trans.

Dans ce contexte, il est fondamental de manifester dans la rue à l’occasion de la Marche des Fiertés, pour y faire entendre nos revendications et dire que les personnes LGBTI ne seront pas la caution du PS. Dans la Marche des fiertés parisienne, nous voulons parler de politique, rendre visible l’opposition au gouvernement, le refus qu’il fasse sa campagne en instrumentalisant la question des droits des LGBTI.

Face au gouvernement, solidarité des oppriméEs et des exploitéEs

Face à un gouvernement qui mène une politique antisociale à la Thatcher, nous devons réaffirmer la solidarité de classe au sein du mouvement LGBTI ainsi que l’importance du lien avec l’ensemble du mouvement social. Il y a une nécessité de reconstruire un courant combatif, anticapitaliste, dans le mouvement LGBTI, de redonner à la Marche des fiertés un caractère plus politique, car nous savons que ce n’est que dans la rue et par la lutte que nous pourrons obtenir de nouveaux droits, et imposer nos revendications.

Le gouvernement tente de bâillonner le mouvement social en interdisant les manifs, en nous faisant manifester sur de très courts parcours. Ainsi, le parcours de la Marche des fiertés a lui aussi été raccourci, prétendument pour des raisons de sécurité. Le gouvernement n’a pourtant aucune difficulté à maintenir et à assurer le déroulement de l’Euro... De là à penser que les travailleurEs qui luttent contre la loi travail, les gouines, les trans et les pédés, passent après le foot et ses enjeux économiques, il n’y a qu’un pas !

Tenter d’interdire une manifestation contre la loi travail ou de reporter la Marche des fiertés pour finalement en raccourcir le parcours, relève d’une seule et même politique menée par ce gouvernement : il s’agit d’étouffer toute contestation sociale et politique, y compris sur le terrain qui l’a fait apparaître comme progressiste, celui des droits LGBTI.

Face à cette politique, nous avons cherché à rassembler les différentes forces (associations, syndicats, organisations politiques, individuEs) afin que nous puissions défiler toutes et tous ensemble à la Marche au sein d’un pôle radical et combatif. Cette démarche d’unification est un succès : plusieurs forces ont signé l’appel à la constitution de ce pôle et se sont investies avec nous pour le construire. Ce samedi 2 juillet, nous serons donc dans la rue, dans ce pôle où se regrouperont tous les cortèges des organisations et des personnes qui se reconnaissent dans une telle démarche.

C’est uniquement en reconstruisant des courants contestant largement la politique du gouvernement et le capitalisme que nous réussirons à repolitiser et redonner du poids aux luttes LGBTI comme espace de contestation du système, pour proposer une société où chacunE puisse vivre sa sexualité comme elle ou il le souhaite, dans l’égalité la plus complète.

Ce samedi tous et toutes dans la rue pour la Marche des fiertés à Paris !

Léa