Le 5 octobre 2021, l’Assemblée nationale a voté la loi qui vise à interdire les thérapies de conversion. Toutes pratiques visant à modifier l’orientation sexuelle ou l’identité de genre d’une personne est désormais un délit. Malgré l’unanimité du vote, les débats autour des personnes trans et le rejet des amendements sur l’interdiction des mutilations sur les enfants intersexes font voir la trop lente dépsychiatrisation des LGBTI.
Pour « soigner les déviances » et « corriger » les LGBTI, de nombreuses méthodes sont pratiquées partout en France dans différents lieux. Certains groupes proposent des exorcismes, des stages de guérison, des séances d’humiliation. Des hôpitaux imposent des électrochocs, des internements forcés ou des suivis psychiatriques. Ces méthodes sont le prolongement de nombreuses violences que les LGBTI connaissent dans leur quotidien : les mariages forcés, les rejets familiaux et les violences physiques et sexuelles. Ces violences sont souvent entreprises sous le motif qu’il faudrait réparer les LGBTI.
La lente dépsychiatrisation des LGBTI
À l’approche des élections présidentielles, la loi contre les thérapies de conversion a été examinée et votée unanimement à 115 voix pour et 0 voix contre. Au-delà du consensus, les débats se sont cristallisés autour des mineurs trans. Tout d’un coup, plusieurs parlementaires sont revenus en boucle sur le sujet arguant qu’il y aurait une explosion des demandes de transition d’enfants. Cette panique morale est entretenue par les héritierEs de la Manif pour tous qui font du lobbying auprès du gouvernement. Leurs tentatives d’exclure les trans n’ont pas abouti contrairement à ce qui s’est passé dans les débats sur l’intersexuation.
L’interdiction des mutilations intersexes rejetée sans débat
Alors que la question des mineurEs trans a occupé une grande place dans les débats, les amendements qui visaient à interdire les mutilations des enfants intersexes ont été rejetés car « ce n’était pas le sujet ». À la naissance, certains enfants présentent parfois des variations que les médecins nomment pathologiques. Définis comme déviants, ces enfants subissent de nombreuses interventions médicales (chirurgie des organes génitaux, traitements hormonaux pour viriliser ou féminiser un individu, ablation des testicules ou des ovaires). Ces interventions sont précoces, lourdes et répétées. Les examens sont intrusifs et ont des effets majeurs sur le développement futur des enfants, qui doivent grandir avec ces souffrances physiques infligées par le corps médical. Pourtant, naître avec une variation intersexe ne met pas en danger la vie de l’individu et ne nécessite pas toujours d’intervention médicale.
Rien à soigner, rien à guérir, tout à changer
Les institutions médicales se sont imposées comme légitimes dans la gestion de l’intersexuation. Nous pouvons nous réjouir que la loi s’empare de ces sujets pour les sortir de la seule emprise médicale provoquant ainsi le débat public. Cependant, ceci ne suffira pas à changer la prise en charge à la hauteur des naissances concernées (1,7 % des naissances sans compter les cas se déclarant à la puberté). Par ailleurs, cette loi n’est pas suffisante pour interdire toutes les violences LGBTIphobes, pour stopper la pathologisation des LGBTI et rendre justice aux victimes de ces violences. Pour cela, une mobilisation qui traversera en profondeur toute la société est indispensable.