La situation du logement s’est-elle améliorée ces dernières années ?
En cinq ans, le gouvernement n’a pas répondu à la pénurie du logement, au contraire. Face à l’augmentation de la pauvreté, il aurait fallu un plan d’urgence pour le logement social. Mais la priorité a continué à être pour les ménages plus aisés.
16 millions de personnes touchées par le mal-logement (1 habitant sur 4 !), avec une augmentation des expulsions locatives (+ 33 % entre 2006 et 2015), des personnes en attente d’un HLM (+ 12 % entre 2006 et 2013), des assignations pour loyers ou charges impayés (+ 21 % entre 2006 et 2013).
Parmi ces 16 millions, 3 millions vivent dans de très mauvaises conditions – sans confort, en grand surpeuplement… – et 12 millions connaissent des difficultés diverses : froid, surpeuplement, loyers et charges trop chers… Le nombre de personnes en surpeuplement accentué a augmenté de 17 % entre 2006 et 2013, + 44 % de privation de chauffage pour faire face au loyer, + 42 % de taux d’effort excessif.
Avec 896 000 personnes sans logement personnel (à la rue, à l’hôtel, hébergées…), l’hébergement d’urgence est pour l’essentiel resté dans l’urgence, sans la volonté financée de mettre en place des logements durables pour sortir vraiment de la rue des personnes qui sont de plus en plus jeunes, avec des enfants... Pourtant, un quart d’entre elles ont un emploi… Tout cela avec l’urgence d’accueillir aussi dignement les migrantEs.
Qu’en est-il des engagements pris (réquisition, construction…) ?
La Fondation Abbé-Pierre à qui l’on doit ces chiffres gratifie les gouvernements Hollande de quelques petites « graines semées », mais la récolte est plus que mince et sans espoir...
Rien sur les réquisitions de logements vides (2,9 millions, + 3,5 % en cinq ans). La ministre verte vient de proposer une taxe, un énième dispositif fiscal, pour inciter les propriétaires spéculateurs à louer… À Paris, 100 000 logements vacants (40 000 ne sont même pas raccordés au réseau d’électricité).
Le Dalo (Droit au logement opposable) a eu quelques résultats, mais le taux national de décisions favorables, qui était de 44,9 % en 2008, a chuté à 28,63 % en 2015, parce qu’en fait, le droit est reconnu seulement s’il y a une offre de logement possible…
Des dizaines de personnes reconnues prioritaires Dalo sont expulsées. Des expulsions qui sont en hausse : 14 363 en 2015 (+ 24 %) et toujours faites avec « le recours à la force publique » et sans relogement. Le 115, complètement saturé, laisse chaque jour des centaines de familles à la rue.
Côté constructions, on est loin des besoins. Après une longue baisse des chantiers, l’engagement a été pris en 2013 de 500 000 logements par an, dont 150 000 sociaux. La ministre verte avoue (en s’en félicitant !) la livraison en 2016 de seulement 440 000 dont 130 000 sociaux(incluant les « PLS » trop chers et inaccessibles à la majorité des demandeurs). Alors que les demandeurs sont au moins 1,5 million (en 2013, + 12 % depuis 2006).
Et les constructions ne sont pas forcément faites là où il y a demande, à cause des avantages fiscaux inventés par la droite (en ce moment, c’est le dispositif « Pinel »).
Ajoutons à cela que les loyers trop chers, ça continue ! Valls a remis en cause les mesures « d’encadrement » et a diminué les APL. Si le loyer est trop élevé, l’allocation baisse ou disparaît. Et elle peut être supprimée avec la prise en compte dans les revenus du « patrimoine », entendez le livret A ou le livret d’épargne populaire… et même les indemnités de licenciement ! Pourtant les 30 % des ménages les moins aisés consacrent au logement en moyenne 31,8 % de leurs revenus, mais pour les plus riches, ce n’est que 12,5 %.
Au cas où on voudrait s’étonner du manque de volonté de donner enfin aux classes populaires ce droit élémentaire au logement, il suffit de voir que Valls avait installé son QG de campagne dans l’immeuble de la SNI, la boîte-pieuvre d’André Yché... dont le but est de privatiser le logement social (dont le directeur général est un ancien du cabinet Duflot, sans oublier le fils Le Drian bien placé en haut du groupe).
Quelles améliorations pour la vie dans les quartiers populaires ?
Les gouvernements Hollande se sont moulés dans la politique engagée par leurs prédécesseurs, celle de la rénovation urbaine (ANRU). Leur objectif n’est pas de répondre au manque de logements mais de casser les concentrations populaires, répartir les populations pauvres pour faire disparaître leurs revendications. C’est ce qu’a clairement déclaré Manuel Valls quand il a annoncé en janvier 2015 sa « politique de peuplement ».
Chaque opération de rénovation s’accompagne de destruction de logements qui souvent auraient pu être rénovés. Et les nouveaux logements ne s’adressent pas aux habitantEs des anciens immeubles qui sont obligés d’aller voir plus loin, ailleurs, pour se loger.
Quelles sont nos revendications pour une sécurité sociale du logement ?
– La réquisition des logements et immeubles de bureaux vacants ;
– La construction de 200 000 logements par an vraiment sociaux et de bonne qualité, sous plafonds APL ;
– L’interdiction des expulsions sans relogement ;
– L’abandon des politiques de démolitions et de vente des HLM ;
– La suppression de l’ANRU et l’arrêt des privatisations des offices HLM ;
– Le blocage des loyers, pour aller vers des loyers ne dépassant pas 20 % du revenu ;
– La création d’un véritable service public de l’urbanisme et du logement, qui dispose de la maîtrise du foncier, avec la municipalisation de la propriété des sols, qui indexe les loyers sur le revenu et mette en place des conseils de locataires avec force de décisions et de contrôle chez chaque bailleur et dans chaque cité ;
– L’augmentation du budget public consacré au logement, le renforcement du rôle de l’État et la remise en cause des décentralisations passées et à venir ;
– La réorientation des avantages fiscaux dont bénéficie le logement privé (loi Pinel et autres) vers le logement social.