Publié le Mercredi 4 décembre 2024 à 10h49.

L’urgence à mettre un coup d’arrêt

Après avoir tenu un discours rassurant devant la vague de suppressions d’emplois qui s’amplifie de jour en jour, Barnier a annoncé à Limoges vendredi 29 novembre les mesures envisagées. Avec toujours plus de facilités pour le patronat, on est loin du compte…

Barnier annonce de nouvelles aides aux licencieurs : un fonds de 250 millions d’euros pour l’automobile, un autre de 425 millions pour l’aéronautique ; l’exemption pour cinq ans de l’obligation du ZAN (zéro artificialisation nette) pour tous les projets industriels ; la sortie du champ de la CNDP (commission nationale du débat public) censée permettre aux citoyenNEs de participer aux discussions lors des implantations industrielles ; 1,55 milliard d’euros pour la décarbonation des 50 sites les plus polluants ; des simplifications de procédure, le soutien à la formation ; un nouveau dispositif d’APLD (activité partielle de longue durée) « rebond » au 1er janvier 2025. Ce dispositif permet de ne pas licencier et donc de conserver les compétences, afin de redémarrer dès que la conjoncture le permet. Une recette déjà utilisée lors de différentes crises, en particulier lors du covid, censée être un outil de prévention des licenciements économiques.

Arrêter les suppressions d’emplois

Des mesures loin d’être à la hauteur d’une situation dramatique. Les prévisions, notamment de la CGT, évoquent près de 300 PSE (plans de sauvegarde de l’emploi, sic !) avec 300 000 emplois menacés ou supprimés ; un chiffre qui sera probablement dépassé avec les effets difficilement appréciables sur les emplois induits 1. Et qui ne font que conforter le pire des dispositions déjà existantes : aides publiques, pollutions, rejet de tout contrôle démocratique. 

Pour nous, il faut d’abord faire face à l’urgence sociale : bloquer les dizaines de milliers de suppressions d’emplois qui frappent notamment de grandes entreprises dont certaines affichent des profits indécents, ont bénéficié de scandaleuses aides sous forme de subventions ou d’« allégements » de cotisations sociales. En parallèle, des dizaines de sous-traitants, de prestataires sont touchés. Tout cela impacte les réseaux économiques et sociaux d’une multitude de territoires ainsi que les services publics. 

De ce point de vue la revendication d’un moratoire, ­avancée par la CGT, permettant de sauvegarder emplois, qualifications et outils industriels peut donner la possibilité d’inverser le rapport de forces face à un patronat et un gouvernement plus que jamais décidés à faire peser sur les salariéEs tous les efforts pour sauvegarder rentabilité et profits. 

Contre le chômage, réduction du temps de travail

Il est urgent de se dégager de la sidération, de l’abattement devant la multiplication des annonces de fermetures de sites, de suppressions d’emplois. Il est urgent de se dégager des fausses solutions individuelles, locales, boîte par boîte. Le bras de fer, la mobilisation qui commencent doivent (re)mettre à l’ordre du jour les exigences d’interdiction des licenciements, de suppression de toutes les aides aux entreprises, de réduction du temps de travail, d’amélioration radicale des conditions de travail par, notamment, la suppression du travail posté, de week-end, de nuit (hors soins et maintenance indispensable), la retraite à 60 ans (et 55 pour les travaux pénibles), de fin des discriminations liées au sexisme, au racisme. 

Gagner, même sur une part de ces revendications, suppose la construction d’un rapport de forces qui est presque totalement à construire. La grande majorité des luttes en cours est centrée sur la prime extra-légale, prix à payer pour des patrons qui se gavent et jettent les salariéEs dans la misère. 

Les mobilisations prévues en décembre peuvent être l’occasion de dépasser l’isolement, le fatalisme en se rencontrant, se rassemblant pour tester les volontés, les capacités de construction de ­l’indispensable « toutes et tous ensemble »