Publié le Dimanche 26 avril 2015 à 07h39.

Nationalisme, xénophobie et racisme, leur fonds de commerce

Le psychodrame familial qui agite les sphères dirigeantes du FN gouvernées par le népotisme est présenté comme une étape nouvelle dans la « dédiabolisation » du parti d’extrême droite. Étrange dédiabolisation à travers laquelle s’affiche une nouvelle fois l’abject brouet idéologique qui a été le lait nourricier des Marine, Marion et autres.

Ce petit monde fait mine de s’indigner des propos du patriarche tout en jouant sur deux tableaux : prendre des distances avec un passé, le leur, encombrant sur le chemin de leurs ambitions, tout en assumant de fait et dans la pratique leur propre continuité. Une façon de faire à laquelle l’extrême droite est rompue : dire une chose pour donner le change en en faisant une autre...

Raciste, antisémite comme antimusulman

En répétant que les chambres à gaz sont un « point de détail » de la Seconde Guerre mondiale, Jean-Marie Le Pen affiche à nouveau son antisémitisme. Le cynisme des propos oblige Marine Le Pen et ses amis à se démarquer. Cela ne signifie en rien qu’elle rompt avec l’antisémitisme. D’ailleurs, dans un entretien au Figaro où elle répond à son père, elle se garde bien de définir sa propre opinion de Pétain ou de l’occupation.

Dans le même temps, elle développe une propagande ouvertement xénophobe et raciste contre les musulmans, les immigrés, les Roms... « Une immigration massive met à mal notre identité nationale et amène avec elle une islamisation de plus en plus visible, avec son cortège de revendications. » Qui pourrait croire que le racisme connaît des frontières, que la démagogie qui flatte la peur de l’autre pourrait ignorer l’antisémitisme ? Les appétits de pouvoir de la nouvelle direction du FN voudraient faire oublier un passé gênant mais leur fonds de commerce reste le même.

Nationalisme et populisme

Ce fonds de commerce, c’est le national-populisme, le mythe d’un « peuple » « trahi » par les « élites », et du chef qui l’incarne, le « guide », un peuple menacé d’être « dilué » dans une autre culture, et qu’il s’agirait de régénérer par l’action de l’État dans une croisade contre la menace étrangère : « islamistes », « fondamentalistes musulmans », « racailles radicalisées », et plus largement « ces minorités visibles, communautarisées et organisées, à qui tout est dû et auxquelles on donne tout ». Musulmans aujourd’hui, musulmans et juifs hier comme demain...

C’est la politique de la préférence nationale, qui s’appliquerait dans tous les domaines de la vie sociale : « Une loi contraindra Pôle emploi à proposer, toujours à compétences égales, les emplois disponibles aux demandeurs d’emploi français », « le principe de priorité nationale doit être posé concernant l’accès au logement social. Nos compatriotes doivent être les premiers à profiter de la solidarité nationale »

Marine Le Pen veut ignorer un passé qui la gêne, elle change les mots mais tient le même discours. Plutôt que de « race », elle va parler de « culture », mais pour elle, c’est au fond la même chose : le rejet du métissage, de la « France Benetton »...

La nation et l’État fort

Le complément de la xénophobie, c’est l’État fort, « protecteur » et « stratège ». Le discours de Marine Le Pen critique la « mondialisation » comme autrefois le cosmopolitisme, pour mieux vanter la mystique de la « nation » ou de la « patrie ». L’État doit être l’instrument de l’unification de la France, le dépositaire de son histoire, l’agent de son redressement économique.

Elle prétend « rendre le pouvoir aux Français », mais ce pouvoir, c’est celui de l’État et de son chef, du « guide ». Elle ne serait ni de droite ni de gauche, mais « en plein milieu du peuple français, à le défendre »...

« Je suis la France », affirmait-elle en 2012... Une seule réponse : nous sommes la classe ouvrière internationale !

Yvan Lemaitre