Depuis des années, nous entendons le même refrain… sur l’air bien connu de la « modernisation » et pour prétendument rendre la fonction publique « plus attractive et plus réactive », il faut supprimer des postes de fonctionnaires. Afin d’atteindre cet objectif, le gouvernement a fait voter, en août 2019, la loi dite de « transformation de la fonction publique », arsenal législatif pour se débarrasser d’un maximum de fonctionnaires. Désormais, tout comme dans le privé, les fonctionnaires auront « droit » aux départs volontaires, aux ruptures conventionnelles et les embauches se feront désormais en priorité en CDD ou en contrat de projet pour une durée maximale de six ans pouvant être rompu à tout moment. Cerise sur le gâteau : le détachement d’office en CDI, en cas de privatisation, du fonctionnaire dans l’entreprise ayant repris l’activité, sera possible. Ce qui permettra la privatisation en bloc, avec son personnel, de services publics entiers. Avec cette loi, la volonté du gouvernement est claire : détruire la fonction publique en l’alignant sur le fonctionnement du privé.
Des concessions mais aucun recul
Face au mouvement des Gilets jaunes, Macron a dû faire des concessions, y compris en matière de services publics. C’est ainsi qu’il a annoncé qu’il n’y aura plus « d’ici à la fin du quinquennat de nouvelles fermetures, ni d’hôpitaux ni d’écoles sans l’accord du maire ». Mais cela ne veut pas dire l’arrêt des fermetures de classes ni même de fermetures de services pour les hôpitaux, ni même l’arrêt des fermetures de gares, des bureaux de postes ou des trésoreries. Il a même reculé sur les suppressions de postes dans la fonction publique d’État qui ne seraient plus de 50 000 mais de 15 000. Dans les faits cela ne changera pas grand-chose dans de nombreuses administrations où les privatisations et les externalisations restent d’actualité. Sans oublier que la suppression de 70 000 postes dans les collectivités territoriales reste d’actualité.
Face à l’épidémie de Covid-19, Macron et son gouvernement ont, pendant presque quatre mois, transformé les soignantEs en véritables héros et héroïnes. Mais, le moment est venu de tourner la page et pour calmer les revendications mettre en place un « Ségur de la Santé ». Dans le fond, rien ne changera même si le gouvernement vient d’annuler la baisse des 2,5 % des effectifs administratifs du ministère des Solidarités et de la Santé en 2020. Ce qui correspond à plus de 300 postes alors que les soignantEs revendiquent la création de 120 000 postes. Et ce n’est pas la nomination de l’ex-directrice de la prospective et du suivi des politiques publiques d’AXA à la tête du nouveau ministère « de la transformation et de la fonction publique » qui va modifier les volontés du gouvernement !
Un enjeu de société
La perspective de ce gouvernement va bien au-delà des suppressions d’emplois annoncées ou de la baisse des dépenses publiques, elle est de reconfigurer entièrement les services publics et les règles de l’emploi public. Évidemment tous les secteurs de la fonction publique ne sont pas logés à la même enseigne que ceux de la santé, l’éducation, les finances publiques, la culture, la recherche ou les collectivités locales. La police, la défense ou la justice par exemple. Il y a donc bien une cohérence d’ensemble dans les projets destructeurs du gouvernement, qui ne sont pas uniquement motivés par des soucis d’économie, mais aussi par la mise en application d’une réelle vision du monde : une société dans laquelle le service public, le sens du collectif et les mécanismes de solidarité sont considérés comme des freins au développement de « l’ambition », de « l’esprit d’entreprise ». Face à cela nous devons défendre plus que jamais un projet de société alternatif fondé sur la solidarité et la satisfaction des besoins sociaux contre une société basée sur le profit.