L’Alaska et l’un des exemples souvent cités par les défenseurs du « revenu de base ».
En 1969, les revenus fiscaux tirés des concessions d’exploitation pétrolière font entrer 900 millions de dollars dans les caisses de l’État d’Alaska (dont le budget s’élevait jusque-là à 112 millions de dollars). Pour gérer cette manne, l’État crée en 1976 un « fonds souverain », fonds alimenté par la rente pétrolière.
Après consultation de la population, il est décidé d’utiliser ce fonds pour redistribuer individuellement un « dividende » à chaque citoyen. Ce choix a été fait explicitement en opposition à d’autres possibilités, comme celle de développer des services publics et sociaux susceptibles de répondre aux besoins. C’était l’application d’un principe très libéral : l’argent sera mieux utilisé par chaque citoyen que s’il est géré collectivement...
Chaque résident régulier (quels que soient son âge et son nombre d’années de présence en Alaska) reçoit donc un versement annuel (à l’exception des personnes condamnées et emprisonnées).
153 euros par mois...
Le montant du « dividende » varie en fonction de la rentabilité du fonds qui fonctionne sur le modèle des « fonds de pensions ». En 2015 (année la plus favorable), il était de 2 072 dollars par an (1 827 euros), soit l’équivalent de 153 euros par mois. Pas vraiment de quoi vivre, ni même survivre !
De fait, le « dividende » joue pour les personnes les plus précaires le rôle d’un complément de prestations sociales : très faible en cas de chômage, plus significatif comme complément des prestations familiales, puisque le « dividende » est versé pour chaque enfant.
En raison du mode de financement, la somme versée dépend des cours de la bourse et des cours du pétrole. Ainsi en 2007, avec l’éclatement de la crise financière, le fonds a perdu plus du tiers de sa valeur. Aujourd’hui, l’effondrement des cours du pétrole amène les dirigeants de l’État à envisager sa suppression.
Une allocation dérisoire, versée par un fonds dépendant de la bourse et de l’exploitation de ressources fossiles : on voit mal comment un tel « modèle » pourrait inspirer une perspective d’émancipation sociale et de transition énergétique...
J.C. Delavigne