Malgré les périodes de vacances successives, le phénomène ne faiblit pas... Plus de 70 villes debout la nuit, certaines depuis plusieurs semaines, d’autres depuis quelques jours.
Un mouvement national...
Venu de loin mais ancré place de la République, il a ensuite enflammé plusieurs grandes villes, avant de s’étendre à une partie des régions, comme en Bretagne ou dans l’ensemble de l’Île-de-France ou dans des villes moyennes comme Alençon, Blois, Chambéry et bien d’autres. Plusieurs facteurs à cela.
L’hyper violence policière, légalisée depuis la mise en œuvre de l’état d’urgence, a largement suscité l’organisation de la résistance à la répression à l’échelle du territoire, et d’abord dans les villes fortement impactées par cette brutalité : à Nantes, Toulouse, Lyon, Grenoble, Rouen...Dans le même temps, l’exigence du retrait de la loi scandaleuse sur le travail donne un objectif palpable, unifiant ceux qui ont du travail, ceux qui n’en ont pas ou plus, un peu ou pas encore...
De plus, le rôle de la Coordination des intermittentEs et précaires, forgée à des luttes radicales et originales, est dans « Nuit debout » un facteur de dynamisme à Montpellier, Avignon, Marseille, Toulouse, Grenoble...
Tout cela fabrique le « commun » de ces Nuits debout : un commun festif, jeune, hors des clous de la contestation et des organisations traditionnelles, pratiquant la bienveillance entre les participantEs dans les AG et les commissions, dans une démarche de plus en plus politique contre les racismes, le gouvernement, les institutions, la loi travail et très souvent anticapitaliste.
... planté dans les réalités locales
Les résistances et/ou les pratiques militantes locales sont « la chair » des AG, des commissions. Ainsi, à Tarbes, c’est le refus de la privatisation des barrages hydrauliques dans les vallées pyrénéennes qui s’invite dans les débats et les actions. à Saint-Denis, ce sont les militants qui luttent ensemble depuis des années pour les réfugiéEs, le logement, la culture, qui ont lancé l’initiative des premières nuits.
à Grenoble, issues des AG étudiantes et lycéennes, des jeunes diplômés, des intermittentEs mais aussi des militantEs contre le mal-logement, des squats, avec l’implication de Solidaires et de militants NPA, les Nuits debout sont au début profondément marquées par la sauvagerie de la violente répression policière et judiciaire du 31 mars. Une prise de conscience concrète et massive, qu’il fallait être aussi solidaires et organisés entre nous que les différentes institution (y compris la mairie) l’avaient été et l’étaient entre elles. Une prise de conscience aussi, grâce aux témoignages, que la répression raciste, hyper violente, était le quotidien de la vie des Roms, d’une partie des habitantEs des quartiers populaires tout proches, des sans-logement... Une prise de conscience aussi qu’il y avait des résistances grenobloises multiples. Pas de « convergences des luttes » possible sans connaissance des acteurs et de la culture de ces luttes. Avec enfin, portée par une association locale, l’adoption d’un communiqué de soutien aux insurgéEs de Mayotte.
Aujourd’hui, le débat d’ AG porte sur la concrétisation de la participation de Nuit debout à la manifestation du 28 avril. Avec la conviction de plus en plus partagée que le rejet de leur monde passe par la victoire contre la loi travail et qu’il n’y aura pas de « rêve général » sans mobilisation de toutes et tous, ni sans grève, générale elle aussi !
Roseline Vachetta