De Mariana Otero. Le 31 mars 2016, avait lieu place de la République le premier rassemblement de « Nuit debout ». Jusqu’en juillet, Mariana Otero en a été une participante active, tout en filmant la place, qu’il s’agisse des débats ou de la prise en charge des questions matérielles.
Chaque jour, il faut remonter des installations précaires et tenir bon face à la police et à la pluie battante. Il n’y a pas de personnage principal dans ce film mais un acteur collectif : toutes celles et tous ceux qui se rassemblent.
Les difficultés de la démocratie directe
S’il y a un fil conducteur du film, ce sont les discussions sur l’objet même des rassemblements et la façon d’organiser la démocratie. Voter ? Si oui, que soumettre au vote ? Comment réguler les interventions ? Faut-il se lancer dans l’élaboration d’une nouvelle Constitution ? L’exercice de la démocratie directe n’est pas simple, d’autant plus qu’il y a pluralité des attentes dont certaines sont globales au point d’être impalpables : « Je ne suis pas du tout là pour la loi El Khomri, je suis là pour remplacer le système politique, économique et social, concrètement. Et ça passe par des débats en assemblée générale » lance ainsi un participant.
On peut regretter que la réalisatrice ne fournisse pratiquement aucune image des commissions consacrées aux luttes sociales. Du coup, le décalage est net avec les trois extraits d’interventions de « personnalités » qui ouvrent le film et insistent sur la lutte des classes (Monique Pinçon-Charlot), la loi travail (notre camarade Gaël Quirante) et la nécessité de se fixer un objectif politique concret (Frédéric Lordon). Le « Nuit debout » de Mariana Otero n’est sans doute pas celui de toutes celles et tous ceux qui s’y sont impliqués à des degrés divers et peut laisser une impression de gaspillage d’énergies. Mais sur la démocratie dans un mouvement, la façon de respecter la pluralité tout en débouchant sur une prise de décisions, le film pose des questions que nous rencontrerons lors d’autres échéances.
Henri Wilno