Depuis des dizaines d’années, les directions syndicales justifient leur politique de collaboration de classe, y compris quand la mobilisation des salariéEs et de la jeunesse offre la possibilité de faire reculer le gouvernement. Aucune ne veut aller à l’affrontement avec le gouvernement, qui organise le « dialogue social » à son profit et s’en sert pour désarmer les travailleurEs.
En 2003, avec des millions de salariéEs en grève, les directions participaient à la concertation de Fillon sur les retraites. Lors de la réforme El Khomri, puis avec la loi travail XXL et les ordonnances Macron, les directions syndicales ont repris le chemin de Matignon.
Tergiversations des directions, pressions de la base
En 2016, la direction de FO avait appelé à la mobilisation contre la loi El Khomri avec la CGT, Solidaires et la FSU. Cette fois, elle ne s’est pas jointe aux mobilisations de la rentrée. Pendant l’été, Mailly justifiait son attentisme en déclarant : « s’il [Macron] persiste dans l’idée de faire des ordonnances au mois de juillet, ça veut dire qu’il va balayer le dialogue social et la concertation : il y aura problème d’une manière ou d’une autre, donc on attend de voir ».
À la CGT, Martinez, fidèle à la ligne « de Bernard Thibault et de Louis Viannet, à savoir celle d’un syndicat qui conteste et qui négocie aussi », se prêtait également à la mascarade de concertation orchestrée par le gouvernement, avant d’être contraint par sa base à appeler à la journée du 12 septembre.
La réussite des mobilisations du 12 et du 21, celle du 28 des retraitéEs, puis du 10 octobre dans la fonction publique, a montré la profonde colère du monde du travail et de la jeunesse. Non seulement la loi travail était contestée, mais bien d’autres mesures : suppression des emplois aidés, baisses des APL, augmentation de la CSG…Les principales directions syndicales sont quand même retournées mi-octobre négocier la suite : les attaques sur l’assurance chômage et la formation professionnelle.
Un affrontement d’ampleur à construire
Malgré tout, poussées par une partie de leur base militante, les directions syndicales CGT, FO et Solidaires ont fait le choix d’une nouvelle journée de mobilisation le 16 novembre, à la veille du vote des ordonnances. Mailly, désavoué lors des précédentes journées par de nombreuses équipes militantes rejetant ce pseudo-dialogue n’aboutissant qu’à des reculs, s’est rallié à l’appel de la CGT.Pour les salariéEs, les retraitéEs, les chômeurEs et la jeunesse, la seule issue est de construire un mouvement sur le terrain de la lutte de classe.
Cela signifie prendre la mesure de l’affrontement à construire contre le gouvernement et le patronat. Au travers de la politisation qui s’opère lors des mobilisations, il s’agit de défendre, dans les syndicats et les collectifs de lutte, une politique pour la convergence des luttes, sur un terrain de classe, qui rompe avec le dialogue social et les institutions, pour préparer l’intervention directe des salariéEs et de la jeunesse sur le terrain politique, pour leur propre compte.
Christine Héraud et Isabelle Larroquet