À la crise sanitaire qui menace à nouveau des milliers de vies, notamment chez les travailleurEs, s’ajoute désormais une crise économique sans précédent aux conséquences dramatiques sur l’emploi et les conditions de travail.
Dans ce contexte, le patronat, malgré les profits faramineux distribués aux actionnaires pendant de longues années, s’est empressé de fermer des entreprises, de licencier massivement ou d’imposer des dégradations majeures des conditions de travail et des salaires via – entre autres – les accords de performance collective (APC) qui sont de véritables chantages à l’emploi. Renault, Derichebourg, Bridgestone, raffinerie de Grandpuits… la liste est déjà fournie et menace de s’allonger dans les prochaines semaines et mois.
Pourtant, ce n’est pas aux travailleurEs, dont certainEs, au premier rang desquels les femmes, ont été envoyés au front en « première ligne » contre le coronavirus, de payer la facture de cette crise. Pour cela, ils et elles doivent avancer leur propre riposte.
La pandémie est aussi le fruit de la dégradation de notre environnement due au productivisme de ce système. Elle est un avertissement. Les catastrophes qui nous menacent avec le changement climatique seraient d’une tout autre ampleur.
Notre riposte doit répondre à la fois sur le terrain social et sur le terrain écologique.
Interdiction des licenciements
Dans le contexte de la crise sanitaire, il est inadmissible que des travailleurEs soient privés d’un emploi et soient plongés dans la précarité et la pauvreté, qui les exposera encore plus au virus. Il faut interdire les licenciements, y compris pour les CDD, intérimaires et autres précaires qui doivent avoir accès à un CDI. Et en cas de réelles difficultés pour telle ou telle petite entreprise touchée par la crise, c’est le patronat en tant que collectivité, en premier lieu les entreprises du CAC 40, qui doit payer pour financer le maintien des emplois ou le maintien de la rémunération intégrale et des droits des salariéEs, ainsi que les possibilités d’une réelle reconversion.
L’indispensable et urgente réduction des émissions de gaz à effet de serre exige une réduction de la production matérielle et des transports, tout particulièrement de l’automobile et du transport aérien. Ce n’est pas aux salariéEs d’en faire les frais, il faut imposer des plans de conversion de la production avec le maintien des salaires et des contrats de travail.
Partage du temps de travail entre touTEs, avec un salaire minimum de 1 800 euros net, indexé à l’inflation
Il faut en finir avec une situation où des millions de travailleurEs sont privés d’un emploi pendant que d’autres s’épuisent avec de longues journées et de lourdes charges de travail. Pour cela, il faut réduire le temps de travail, le partager entre toutes et tous, donner ainsi un emploi à l’ensemble des chômeurEs sans que personne n’y perde en salaire. Si le système capitaliste n’est pas capable d’assurer le droit au travail qu’il prône – ce « droit » de se faire exploiter ! –, c’est un système qui mérite d’être renversé !
La crise sanitaire a par ailleurs révélé à quel point les fonctions les plus utiles sont parmi les moins bien rémunérées. Elles sont très souvent exercées par des femmes, pour des salaires de 18,5 % en moyenne inférieurs à ceux des hommes, selon l’INSEE. Il est temps de le corriger par une augmentation générale des salaires de 300 euros et un salaire minimum de 1 800 euros net pour touTEs, indexé à l’inflation.
Ouverture des livres de comptes
Les patrons arguent évidemment qu’ils ne peuvent pas maintenir les emplois et les salaires, sous peine de faillite. Mais les dividendes, eux, augmentent ! Pour la seule année 2019, les entreprises du CAC 40 ont obtenu presque 80 milliards d’euros de bénéfices et ont distribué 60 milliards d’euros à leurs actionnaires. Preuve de la justesse du slogan « de l’argent, il y en a dans les caisses du patronat » ! La lumière doit être faite sur la comptabilité des entreprises, a fortiori dans la mesure où elles continuent à être gavées d’aides publiques : une tâche qui reviendrait au monde du travail, seul en situation par sa place dans tous les rouages de l’économie d’établir un bilan et un autre ordre de priorité pour les dépenses de chaque entreprise, comme pour l’ensemble de la société.