À Pôle emploi, la direction profite aussi de la crise sanitaire pour continuer à remettre en cause les droits des salariéEs, avec ou sans emploi.
Contrôle ou accompagnement ?
Alors que les plans de licenciements se multiplient, le gouvernement maintient les dispositifs de contrôle des chômeurEs. Le recours en annulation porté par la CGT et Solidaires a été rejeté par le Conseil d’État. Pôle emploi a donc multiplié par cinq les effectifs des équipes chargées du contrôle en passant de 200 à 1 000 agentEs. C’est à la réception, à l’accompagnement et au calcul des allocations que ces agentEs auraient dû être affectés. Si Pôle emploi voulait vraiment faciliter les démarches, l’obligation de s’inscrire par internet serait supprimée (en plus il faut maintenant avoir deux identifiants différents, ce qui entraine de nombreuses confusions). Quant aux documents nécessaires au calcul des allocations (notamment les « attestations employeurs »), ils sont souvent rejetées par le système informatique, entrainant de nombreux retards…
Après la mise à distance technologique via le tout dématérialisé, la Direction générale (DG) continue sa politique de mise à distance physique : dernier exemple en date, le site de Toulouse basé en centre-ville est amené à fermer et déplacé à l’ouest de la ville pour constituer un site excentré et déshumanisé regroupant plus de 100 agentEs (il faut dire aussi que ce site était le point de rdv des actions communes avec les associations de chômeurs).Tout cela est associé à la fermeture des sites l’après-midi pour la réception sans rendez-vous : la DG se dirige vers une organisation associant sites géants et traitement à distance d’un maximum d’opérations.
Sous-traitance et précarité
En outre, le traitement des documents scannés par les chômeurEs sur le site pole-emploi.fr est sous-traité à des « spécialistes de la relation multicanal » qui se font du fric sur le dos du secteur public. Sans oublier aussi les 120 millions offerts au boîtes privées pour deux nouvelles prestations. Le « marché » du chômage est décidément un gâteau intéressant à partager…
Faire recevoir les privéEs d’emplois par des conseillerEs eux-mêmes en contrat précaire, il fallait y penser. Bien sûr ça n’est pas nouveau, Sarkozy disait à l’époque de la fusion que les agentEs Pôle emploi sous statut précaire seraient mieux à même de comprendre les besoins du public qu’ils recevait car ils vivaient la même situation…
La possibilité d’embaucher des CDD existait mais était « limitée » à 4 % des effectifs (alors que la convention collective dit clairement que le recrutement en CDI constitue le « mode normal » à Pôle emploi). Un avenant à la convention collective a fait passer ce taux à 15 %. Soit, si on ajoute les milliers de services civiques, un taux de statuts précaires compris entre 20 et 25 %. Dans ce domaine, Pôle emploi ne fait que suivre l’exemple des Job centers britanniques qui embauchent et licencient massivement en fonction du taux de chômage.
Face à toutes ces attaques, il y aurait de quoi mobiliser. Mais la fusion — en introduisant les réflexes issus du privé — a contribué à diviser et isoler les agentEs. Par ailleurs, pour l’essentiel, les organisations syndicales sont complètement absorbées par les réunions des IRP.
Pourtant, au centre à la fois du service public et de la lutte contre la précarité, les agentEs de Pôle emploi n’ont pas d’intérêts séparés de ceux des privéEs d’emplois ! Dans le cadre du Collectif Unedic réunissant associations de chômeurEs et syndicats de Pôle emploi (CGT, FSU, Sud), les agentEs de Pôle emploi seront présents le 5 décembre !