Le ministère du Travail a publié dimanche 3 mai sur son site internet un protocole national de déconfinement pour les entreprises. La remise en route des profits est ainsi facilitée, tout en exposant les travailleurEs au virus.«Protocole national de déconfinement pour les entreprises pour assurer la santé et la sécurité des salariés » : le titre est pompeux et le matraquage médiatique a donné l’impression de mesures contraignantes pour les entreprises. Cependant, l’objectif est clair : permettre la reprise de l’activité avec les contraintes les plus faibles possibles pour les employeurs.
Aucune contrainte pour le patronat
Un minimum de 4m2 est censé être assuré pour chaque salariéE et les circulations organisées pour éviter les contacts étroits. Le document officiel donne des détails techniques sur le mode de calcul de la « jauge maximale » en fonction des mètres carrés disponibles dans l’entreprise. Mais il s’agit de simples recommandations. Aucun texte légal ne vient codifier ces règles et aucune sanction n’est prévue si l’employeur ne les met pas en application. Quand il s’est agi de faire respecter le confinement, les verbalisations et gardes à vue sont tombées massivement. Pour le patronat, un tel arsenal répressif n’est bien sûr pas prévu...
Le simple respect des gestes barrières et de la distance d’un mètre sont martelées comme seules mesures efficaces, pour mieux rappeler que les masques ne seraient obligatoires qu’en dernier recours, quand vraiment il est impossible de ne pas respecter la distance d’un mètre. Il y a de quoi s’inquiéter quand on sait que ce fameux mètre ne suffit pas à protéger du risque de contamination par la diffusion d’aérosols. Il y a surtout de quoi s’inquiéter quand on lit que les employeurs pourront se contenter d’imposer le port de masques dits « grand public », les masques FFP2 et chirurgicaux étant décrétés réservés aux professionnels médicaux. Or, Édouard Philippe ment sur ces masques grand public quand il nous dit qu’ils « sont à même de garantir la sécurité sanitaire de ceux qui en disposent ». C’est faux, car ces masques ne font l’objet d’aucune norme, d’aucune procédure d’homologation et ne doivent que se contenter de respecter de simples spécifications de l’Association française de normalisation (Afnor) et de la Direction générale de l’armement (DGA). On voit se diffuser, dans les entreprises, l’utilisation par les salariéEs de masques en tissu faits maison, dont personne n’est capable de prouver l’efficacité.
SalariéEs mis en danger
On le sait, les masques FFP2 sont les seuls à même de protéger les porteurs. D’ailleurs, en 2009, dans le cadre de la pandémie H1N1, le Directeur général du travail recommandait par circulaire officielle1 le port de masques FFP2 pour touTEs les salariéEs en contact étroit avec du public...
Le protocole accumule les reculs en matière de protection des salariéEs. Ainsi, le nettoyage des surfaces et locaux n’est plus recommandé que de façon « quotidienne » sans préciser les fréquences. Un recul par rapport aux préconisations dans le bâtiment, où les patrons s’étaient mis d’accord avec le ministère du Travail pour un nettoyage toutes les deux heures. Exit aussi la désinfection systématique. Quand on sait qu’un simple détergent sans propriétés virucides n’agit pas sur le virus, il y a encore de quoi s’inquiéter.
Des millions de salariéEs vont ainsi être mis en danger tout en pensant être protégés, avec le blanc seing du ministère du Travail au service du patronat. Après deux mois de confinement, nos vies valent toujours plus que leurs profits, alors imposons cette idée collectivement, par la mobilisation, par des droits de retrait massifs, par des grèves et par le rapport de forces !