Publié le Mercredi 8 avril 2020 à 11h46.

Manif de confinement : « Il s’agit de politiser le moment par les moyens que nous avons »

Le 31 mars, une « manif de confinement » était organisée par le collectif « Projections Covid-19 », Tarik, militant au NPA et l’un des organisateurs de l’événement, a répondu à nos questions.Quel a été votre réaction au début du confinement ?

Comme beaucoup de gens, j’ai commencer à applaudir aux fenêtres aux premiers jours de confinement. Avant le changement d’heure, il faisait nuit à 20 h donc, très vite, avec mon amoureux, on a décidé de projeter des messages politiques sur les façades des immeubles à l’aide d’un vidéoprojecteur. Les applaudissements ne suffisent pas. Nous avons projeté des slogans de revendications de soignantEs : « Du fric pour l’hôpital public : des tests, du gel, des postes, des lits, du matériel, des vrais salaires, des vraies retraites ». J’ai partagé la vidéo sur les réseaux sociaux et ça a été repris. Des militantEs de partout demandaient la vidéo à télécharger pour la projeter depuis chez eux. Une voisine soignante est aussi venue discuter avec nous et nous raconter les conditions de travail difficiles, le stress et surtout le manque de matériel. J’ai donc créé la page Facebook « Projections Covid-19 » et nous avons monté plusieurs vidéos.

Comment est venue l’idée de manif de confinement ?

De lointaines connaissances de Marseille m’ont contacté car ils enregistraient des boucles de slogans pour les diffuser à 20 h. Nous avons donc décidé de regrouper nos deux initiatives et de les mettre à disposition sur internet.

SurprisEs que la date de mobilisation contre la réforme des retraites du 31 mars ait disparu dans la nature, nous avons décidé de créer un événement Facebook pour politiser cette séance quotidienne d’applaudissements et montrer que même isoléEs, notre colère n’est pas confinée !

Nous avons ensuite partagé l’initiative avec Art en grève et des camarades du PinkBlock, puis partagé l’événement sur les réseaux sociaux et contacté le NPA ou d’autres organisations politiques, syndicales et associatives, comme Act Up. Sur Facebook, d’autres pages comme « Cortège de fenêtres » et « Cerveaux non disponibles » ont rejoint l’appel et les ateliers YOUPI, regroupant des graphistes de Saint-Denis, ont produit de nombreux visuels spécifiquement pour l’événement.

Quels sont les résultats et suites de cette initiative ?

Pas de combat de chiffres entre la CGT et la préfecture mais nous avons reçu des vidéos de projection des quatre coins du pays et même au-delà. Les banderoles ont fleuri sur Instagram et certainEs ont même fait des manifs de salon ou de Playmobils.

Les banderoles sont toujours à nos fenêtres mais elle ont évidemment vocation à descendre dans les rues dès que nous le pourrons. Il s’agit de politiser le moment par les moyens que nous avons. Le confinement n’est pas la norme et il n’a pas vocation à le devenir. Comme pendant Nuit Debout ou dans les ZAD, tout ce qui peut être expérimenté doit l’être. La période nous oblige à être créatifs…

Propos recueillis par la rédaction