Publié le Mardi 26 avril 2016 à 08h46.

Mise en pratique de la « convergence des luttes »

Le mouvement Nuit debout, dès sa genèse à la suite de la manifestation interprofessionnelle du 31 mars, a tenté de répondre à une préoccupation : comment faire converger nos luttes, comment aller vers le tous-ensemble pour le retrait de la loi travail ?

C’est devant l’incapacité des directions syndicales d’appeler à une grève reconductible, d’appeler à un mouvement plus fort que de simples journées isolées qu’est né le mouvement Nuit debout. « On ne rentre pas chez nous » parce que cela ne suffira pas, a été le premier constat de Nuit debout. Un mouvement qui s’est prolongé depuis près de trois semaines maintenant. Si le mouvement va bien plus loin que le seul retrait de la loi, celle-ci reste au cœur du mouvement, tout comme la jonction entre les différents secteurs qui luttent.

à Paris, le mouvement s’est rapidement doté d’une commission « Convergence des luttes » et d’une autre « Grève générale », l’une et l’autre répondant à la convergence à en invitant des secteurs en lutte sur la place de la République. De ce point de vue, le « Meeting des luttes » organisé sur la place après la manifestation du samedi 9 avril, en invitant des syndicats mais aussi des salariéEs de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), de Sanofi, de La Poste ou encore de la SNCF, a permis de faire franchir un cap au  mouvement.

Ces commissions proposent aussi des actions de « convergence des luttes » : il y a deux semaines, les actions de soutien aux cheminotEs à la gare de Saint-Lazare, puis le lendemain à la gare Montparnasse, ont été particulièrement médiatiques, et il n’y a pas un seul jour où une distribution de tracts sur tel commerce ou telle entreprise n’est proposée à l’assemblée générale.

« Hôpital debout » et intermittentEs

Si sur des journées spécifiques (comme le « forum des luttes » qui s’est tenu dimanche 10 avril), un ensemble de secteurs viennent prendre part à l’occupation de la place de la République, deux secteurs y ont pris une place beaucoup plus importante. 

Ainsi dès le 31 mars, les salariéEs de l’AP-HP avaient créé un « Hôpital debout », et depuis ce jeudi 14 avril, celui-ci s’est matérialisé sur la place avec une tente et des prises de paroles : pour discuter la réforme Hirsch, du manque criant de budget dans le secteur de la santé, etc.

De la même façon, les intermittentEs ont pris une place très importantes dès le début de Nuit debout, intervenant régulièrement dans les AG pour discuter de leur statut, et depuis leur AG massive du 4 avril au théâtre de la Colline, leur mobilisation s’est aussi conjuguée avec celle de République, donnant un visibilité à leur participation par des pancartes, banderoles, prise de parole au mégaphone...

Vers la grève générale ?

En parlant de convergence des luttes, on aurait parfois tendance à oublier que les participantEs à Nuit debout sont aussi en majorité des travailleurEs souvent précaires, au chômage, à temps partiel, assez éloignés des « bobos » auxquels veulent nous faire croire les médias.

Le principal problème à cette convergence, c’est que des secteurs mobilisés, en grève, se comptent sur les doigts d’une main. La condition pour que Nuit debout devienne véritablement ce à quoi le mouvement aspire, un lieu de centralisation des luttes, c’est le développement d’une grève reconductible, ce que tous les participantEs de Nuit debout appellent de leur vœux. Une grève générale !

Mimosa Effe