Publié le Mercredi 22 mars 2017 à 16h01.

Arrêter la folle course aux armements et à la guerre

Parmi les sujets qui ne sont pas débattus lors de cette campagne présidentielle, il y a le domaine militaire. Et pour cause, il y a un consensus à ce sujet entre les principaux candidats, de Marine Le Pen à Mélenchon, en passant par Fillon, Macron ou Hamon : pas touche au « complexe militaro-industriel français ». Ce terme désigne trois éléments étroitement imbriqués entre eux : le budget militaire, l’armée et l’industrie d’armement.

Quelle est la réalité de la défense française, première puissance militaire européenne ?

L’armée française compte environ 220 000 militaires, dont près de 20 000 sont stationnés hors de métropole : 8 000 dans les colonies d’outre-mer, 5 000 dans des bases militaires françaises à l’étranger (Djibouti est la principale), 6 000 dans des interventions extérieures (au Sahel, en Centrafrique, au Liban, en Irak et en Syrie, etc.).

Au niveau armement, l’armée française dispose d’une panoplie de joujoux sophistiqués et coûteux, 200 chars d’assaut Leclerc (à 16 millions d’euros pièce tout de même...), 150 avions Rafale (à 150 millions d’euros pièce, de quoi construire par exemple plusieurs hôpitaux), une centaine de navires de guerre, etc. La France a aussi son porte-avion, le Charles-de-Gaulle, plus petit que ceux des USA, devenu la risée du monde entier du fait de ses fréquentes avaries, et qui est un gouffre financier : une construction d’environ 3 milliards d’euros, un entretien – il est actuellement en cale sèche pour 18 mois – de 1,3 milliard d’euro.

À noter que la France est la 4e puissance nucléaire mondiale, après les USA, la Russie et la Chine, avec environ 300 têtes nucléaires... et un coût annuel non négligeable d’environ 10 % du budget de la défense.

Que veulent faire les candidatEs en matière de budget de la défense ?

Les principaux candidats veulent augmenter ce budget ! Pourtant, la défense représente déjà le deuxième poste des dépenses dans le budget de l’État après celui de l’éducation. En 2016, Hollande l’a déjà augmenté de 1,9 % à 32 milliards d’euros. De Le Pen à Mélenchon, tous veulent le porter au minimum à 2 % du PIB, ce qui représente une augmentation de plus de 12 milliards d’euros, tout en s’engageant à réduire le déficit public... Comme par hasard, 2 % du PIB, c’est la recommandation de l’Otan à ses pays membres. Les plus zélés, comme Le Pen ou Hamon, veulent même le porter à 3 % du PIB !

À noter que le budget officiel de la défense est notoirement sous-évalué : il ne couvre pas toutes les dépenses militaires de l’État français. Une partie des salaires et des pensions n’y figurent pas. Le budget des « opex » (interventions militaires à l’étranger) est largement sous-estimé (plus d’un milliard d’euros au total). La recherche militaire est prise en charge en grande partie par d’autres ministères. Selon le SIPRI (un institut indépendant basé à Stockholm), les dépenses militaires de la France s’élevaient en 2014 à 62 milliards de dollars, soit 2,2 % du PIB, ce qui représente 3 % des dépenses militaires mondiales, plaçant la France au 5e rang mondial.

À quoi sert l’industrie d’armement ?

L’industrie d’armement en France, qui emploie environ 165 000 salariéEs, est composée d’entreprises en grande partie privées, avec des participations publiques, comme Dassault, Airbus, Safran, Thalès, KNDS.

Un bel exemple de « partenariat public-privé »... Sans commandes publiques (le budget d’équipement du ministère de la Défense s’est élevé à 17 milliards d’euros en 2016), pas d’industrie « nationale » d’armement. Et sans utilisation par l’armée française et sans garantie par l’État français, pas d’exportations d’armement.

Sous Hollande, la France est devenue le 2e exportateur d’armes dans le monde, derrière les USA. Parmi ses plus gros clients, des dictatures bien connues, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, le Qatar (vente de Rafale pour 6,3 milliards d’euros en mai 2015), l’Égypte (vente de Rafale pour 5,2 milliards d’euros en février 2015), etc. qui utilisent ces armes pour mettre au pas leur population ou bombarder d’autres peuples (comme l’illustre tragiquement l’intervention militaire sanglante de l’Arabie saoudite au Yémen par exemple). Cela pour le grand profit notamment de Dassault qui, comme chacun sait, vend les Rafale.

Que veulent les anticapitalistes ?

Nous défendons le désarmement unilatéral et général. Cela passe par :

– la sortie de l’Otan, une machine de guerre créée par les USA après la Seconde Guerre mondiale pour s’opposer à la prétendue menace soviétique,

– l’arrêt des interventions militaires françaises à l’étranger, lesquelles participent au maintien de l’ordre capitaliste dans le monde et, massacrant des populations civiles, alimentent le terrorisme,

– la destruction de la force de dissuasion nucléaire française, l’exemple le plus criant d’une production inutile et dangereuse,

– la dissolution de l’armée professionnelle, laquelle peut être utilisée demain comme au siècle dernier par la bourgeoisie pour écraser les révoltes de la population contre un système de plus en plus inégalitaire, injuste, anti-­démocratique, inhumain, etc. D’ailleurs, des politiciens de droite comme de « gauche » n’appellent-ils pas l’armée à intervenir dans les quartiers populaires ?

– la reconversion industrielle de l’industrie d’armement, pour produire enfin des choses utiles à la population, alors que les besoins sont importants, sans que cela se fasse au détriment des salariéEs de la branche qui doivent pouvoir garder leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions de travail.