Ces Jeux ont été une fête populaire d’une ampleur inédite. Les entrées dans les stades n’étaient pas toutes, loin s’en faut, hors de prix : la moitié des entrées pour les Jeux valides ont été vendues à 50 euros ou moins.
Ce tarif de 50 euros devrait d’ailleurs être un plafond, et non un plancher. Ce qui imposerait de mettre fin au système des places privilégiées pour les sponsors, partenaires, et autres bourgeois pouvant acheter une cérémonie d’ouverture à 2 700 euros.
Les fan-zones, bars, restaurants et certains sites en accès gratuit (parcours du cyclisme et des triathlons, Marathon pour Tous ouvert à la population) ont également connu des marées humaines.
La raison principale de ce succès tient à la place du sport dans notre société. Avec 18 millions d’inscritEs dans plus de 200 000 clubs (associatifs, privés et publics), et malgré des inégalités d’accès et de conditions de pratiques persistantes, nous sommes face à un phénomène social et culturel de masse.
Changement de regard sur le handicap ?
Les Jeux paralympiques se sont distingués par des entrées majoritairement peu chères, ainsi qu’une distribution massive d’invitations aux écoles, maisons de quartier, mairies et associations. Un nombre important d’initiatives pédagogiques autour de l’inclusivité des personnes handicapées ont été mises en place par les enseignantEs.
Le succès des Jeux paralympiques exprime un changement de regard et une acceptation plus grande d’une partie de la société sur le handicap. Ce qui est à mettre en regard avec l’inaction de nos classes dirigeantes pour la mise en accessibilité des transports en commun et lieux de vie (voir ces derniers jours le débat entre Pécresse et Hidalgo sur la mise aux normes du métro de Paris) ; dans la lutte contre la précarité, le chômage et les discriminations frappant de façon disproportionnée les personnes handicapées ; sur les moyens donnés au handisport. Les athlètes concernéEs par les Jeux paralympiques n’ont d’ailleurs pas manqué de témoigner, et ce, dès la cérémonie d’ouverture, de leur galère quotidienne, des clubs inaccessibles, et de leur engagement jusqu’à l’endettement personnel pour participer aux compétitions.
Les Jeux paralympiques de Londres en 2012 ont été un énorme succès populaire, qui a conduit à des progrès dans la pratique et l’accessibilité du handisport. Bien peu a évolué dans le monde du travail. Il est donc hors de question de laisser cette parenthèse se refermer pour en revenir à une routine difficilement supportable.
Un unanimisme traversé d’inévitables questions politiques
La cérémonie d’ouverture, au-delà de sa réussite technique, a eu le mérite de mettre la fachosphère sens dessus dessous avec des représentations très inclusives pour les LGBTI et les femmes, et défiant tout racisme.
Quoi que l’on pense de l’esthétique diffusée, la cérémonie contrastait avec le chauvinisme des commentateurs sportifs tout au long de la compétition.
Ces Jeux qui veulent mettre le sport au-dessus des clivages sociaux, raciaux et se veulent « universels » ont été traversés par de nombreuses questions politiques. On a pu voir des actions de protestation dans les tribunes contre le génocide commis par Israël, des sportifs Palestiniens levant le poing et affichant ostensiblement leurs symboles, la délégation algérienne jetant des fleurs dans la Seine en hommage aux morts du 17 octobre 1961.
L’affaire Imane Khelif, cette boxeuse algérienne victime d’attaques racistes, sexistes et homophobes sur sa supposée transidentité, et allant jusqu’à la médaille d’or au nez et à la barbe des JK Rowling, Donald Trump et autres Giorgia Meloni en pleine panique morale.
Le prétendu apolitisme du CIO a montré son hypocrisie en allant jusqu’à disqualifier Manizha Talash, breakdanceuse afghane, pour avoir brandi sur scène une banderole « Free Afghan Women ». Alors même qu’elle faisait partie de l’équipe olympique des RéfugiéEs, précisément créée pour représenter les victimes exilées des régimes dictatoriaux comme celui des Talibans. Bienvenue en Absurdistan !