Le tribunal administratif de Toulouse a annulé l’autorisation environnementale donnée par la préfecture au chantier de l’autoroute A69 (entre Castres et Toulouse). Toute poursuite des travaux est donc illégale.
Les juges ont accepté l’argument principal des opposantEs qu’avait développé la rapporteure publique. La raison impérative d’intérêt public majeur ne tient pas. En clair, l’utilité de l’autoroute, longuement analysée par le tribunal, ne justifie pas l’ampleur des dégâts environnementaux prévisibles. Ni le désenclavement économique du territoire de Castres-Mazamet (limité), ni la diminution du nombre d’accidents (non prouvée), ni l’amélioration de la qualité de vie des habitantEs (incertaine) ne justifient la destruction de 169 espèces protégées animales et végétales et de leurs habitats naturels.
Les élus, la région et l’État font pression
Face à cette décision de justice, les politiques – de Delga, présidente de la région, au Rassemblement national – semblent refuser les principes d’un État de droit. Chantage à l’emploi, demande de modification de la loi, ils et elles sont unis dans une indifférence absolue aux enjeux climatiques et de préservation de la biodiversité. Même la ministre de l’Écologie, Agnès Pannier-Runacher, soutient le recours en appel du gouvernement ! Le préfet d’Occitanie demande un sursis d’exécution qui permettrait la reprise des travaux et le ministre des Transports promet de continuer de détricoter le code de l’environnement au nom de la simplification administrative (ça ne vous rappelle pas Musk et Trump…).
Si aujourd’hui les dégâts déjà infligés et les travaux de réhabilitation du territoire représentent un gâchis immense, ce sont bien les autorités publiques qui en sont responsables. Alors que le risque juridique était parfaitement connu, l’État a mis la pression pour faire démarrer le chantier, sans attendre qu’un juge administratif se prononce sur la légalité du projet.
« Une autre voie »
Gilles Garric, un des porte-parole du collectif La voie est libre, se réjouit de cette victoire. « Le jugement reprend et légitime tous nos arguments », « cette décision aura une grande influence dans les affaires à venir ». La joie de toustes les opposantEs est à la mesure de leur engagement depuis des années, à la mesure des impacts environnementaux évités, à la mesure de la répression brutale subie : les Soulèvements de la Terre ont décompté 70 procès, 130 poursuites et 40 interdictions de territoire à l’encontre d’opposantEs.
Gilles pense à la suite, la mobilisation juridique et sur le terrain pour que l’arrêt du chantier soit définitif, la réflexion collective autour du projet alternatif « Une autre voie », la perspective des élections municipales dans toutes les communes concernées pour occuper les instances du pouvoir local.
Commission nationale écologie