Le 17 septembre, les syndicats enseignants appellent à une nouvelle journée de grève contre la réforme du collège initiée par Najat Vallaud-Belkacem.
Cette dernière n’a en effet pas caché son mépris total pour les enseignantEs et leurs organisations syndicales. Alors que les syndicats représentant 85 % de la profession se sont prononcés contre cette réforme, que la grève du 19 mai dernier a été majoritaire dans les collèges, la ministre a osé parler de « malentendu » avec les enseignantEs. Visiblement, le « malentendu » est plutôt du côté de la ministre, qui, le 20 mai dernier, au lendemain de la grève, a provoqué toute la profession en publiant les décrets d’application de la réforme.
Une réforme contre les élèves et les enseignantEs
La réforme du collège va signifier une baisse impressionnante du nombre d’heures de cours par discipline pour chaque collégien : une baisse de 486 heures (plus de 18 semaines de classe) sur les quatre années, avec 3 204 heures de cours disciplinaires sur toute la scolarité en collège contre 3 690 heures actuellement. Les langues anciennes et langues régionales disparaissent comme disciplines, et les classes européennes sont supprimées (ce que ne compense pas en nombre d’heures l’ouverture d’une LV2 en cinquième).
20 % des enseignements seront désormais organisés établissement par établissement, sans aucun cadrage national. D’un collège à l’autre, les élèves n’auront donc pas droit aux mêmes cours, n’auront pas accès aux mêmes connaissances. Pire, chaque établissement pourra moduler les horaires de cours alloués à chaque discipline au sein du cycle 5e-4e-3e, et décider par exemple de concentrer le français en 5e et les maths en 4e... On aboutit ainsi à une véritable territorialisation du collège, ne laissant plus aucun caractère national à l’éducation.
Enfin, cette réforme cherche à mettre au pas et à caporaliser tous les enseignants. Les 20 % d’heures d’autonomie (heures d’aide personnalisée – AP – et d’enseignements pratiques interdisciplinaires – EPI) seront en effet prises sur le quota d’heures de n’importe quelle discipline. Les collègues devront se battre entre eux pour savoir quelle discipline diminuera ses heures de cours. La décision en reviendra au conseil pédagogique... dont les membres sont choisis par le chef d’établissement ! Une fois répartis les frais, la mise en place de l’AP et des EPI restera une usine à gaz. Non seulement les projets interdisciplinaires sont imposés et encadrés par la hiérarchie, mais en plus, aucun temps de concertation n’est prévu. Les profs devront donc choisir entre faire un travail bancal, ou travailler en équipe... mais en dehors des heures de travail !
Tout cela menace la liberté pédagogique des enseignantEs. En effet, sans cadrage national et annuel des programmes, il sera nécessaire d’imposer une forte coordination entre les collègues. Et comme aucun temps de coordination ne sera libéré aux équipes, la coordination sera confiée individuellement à des petits chefs d’équipe, monnayant les toutes nouvelles indemnités de mission particulière (IMP)...
Construire le rapport de forces pour imposer le retrait
Le 19 mai dernier, les enseignantEs de collège ont majoritairement fait grève pour revendiquer l’abandon de cette réforme. Malheureusement, aucun véritable plan de bataille n’a été mis en œuvre pour permettre d’obtenir satisfaction. L’appel à la grève tardif le 19 mai, puis les tergiversations de l’intersyndicale après la provocation de la publication des décrets, n’ont pas aidé à donner confiance aux collègues dans le fait qu’il était possible de gagner. La veille de la grève du 11 juin, l’intersyndicale acceptait encore d’être reçue par la ministre, qui disait pourtant explicitement qu’elle ne retirerait pas ses décrets, mais ne discuterait que de leur mise en application. Dans ces conditions, la grève du 11 juin ne pouvait qu’être en retrait par rapport à la précédente.
Ce nouvel appel à la grève le 17 septembre va être l’occasion pour les enseignantEs de tenter de construire à nouveau une véritable mobilisation contre la politique du gouvernement. Dès maintenant, il faut tenter de remettre en lien les équipes militantes qui ont bougé l’année scolaire dernière, et proposer d’organiser des AG d’établissements, de villes, en posant dès maintenant la question des suites. Car une seule journée de grève ne suffira pas à faire abroger les décrets, et il est probable qu’il faudra plus qu’une grève isolée des enseignantEs du second degré pour contrer la politique du gouvernement.
De même que les personnels de la santé, mobilisés aussi ce jour-là, la journée interprofessionnelle du 8 octobre devra être une occasion de se mettre en grève cette fois-ci toutes et tous ensemble contre la politique du gouvernement.
Aurélien Perenna