Depuis qu’il a été annoncé en décembre par Gabriel Attal, le « choc des savoirs » provoque l’unanimité contre lui des enseignantEs, des parents et même des personnels de direction. Le 25 mai, la mobilisation doit rebondir.
Le « choc des savoirs » n’a en effet qu’un seul objectif : accentuer le tri des élèves en fonction de leurs origines sociales. Au-delà des groupes de niveaux, nombre de mesures se mettent en place, notamment en primaire : labellisation des manuels, changement des programmes, évaluations standardisées annuelles, traitement de la difficulté scolaire hors du temps classe...
La limitation de la liberté pédagogique comme l’évaluation permanente des élèves sont des outils indispensables pour inscrire les enfants dans un parcours de sélection dès leur plus jeune âge. C’est aussi le remplacement de l’éducation par la coopération et l’entraide, le questionnement et la discussion entre pairs et entre générations par la compétitivité, le prêt-à-penser et la soumission à ce qui tombe d’en haut. Bref la « restauration de l’autorité », dernière croisade de Macron et Attal. À cela s’ajoute des mesures budgétaires qui aggravent l’existant et renforcent la dégradation de conditions de travail déjà inadmissibles.
Un contre-choc qui peine à se mettre en place
La grève très réussie du 1er février marquait un point de départ intéressant entre d’un côté la défense de l’école publique — et donc des moyens pour qu’elle vive — et de l’autre le rejet du choc des savoirs. Mais le mouvement massif nécessaire pour obtenir un autre budget et une autre politique scolaire n’a pas été à la hauteur. Au-delà des difficultés objectives avec les vacances scolaires, d’autres facteurs ont beaucoup pesé : le manque de matérialisation concrète et immédiate du « choc des savoirs » dans le premier degré et l’absence de plan d’action de l’intersyndicale permettant de se projeter et de travailler le terrain, par exemple. Le tout dans le contexte de la défaite sur les retraites, un quotidien très dur dont les collègues peinent à s’extraire et qui brise les collectifs.
L’initiative la plus intéressante vient du 93 qui, au-delà de sa spécificité territoriale, a su allier les éléments permettant un mouvement d’ampleur : travail de terrain préalable, unité syndicale, revendications alliant sens du métier et conditions d’exercice, caisse de grève, modes d’actions et calendrier varié… autant d’éléments qui doivent inspirer.
Rebondir le 25 : une nécessité
Le 25 mai peut, s’il est abordé correctement, permettre de reconstruire, avec le soutien des parents, le collectif militant nécessaire à la riposte. Ces dernières semaines en effet les réunions publiques et initiatives se multiplient, ce qui montre une disponibilité qui, si elle est minoritaire, n’en est pas moins agissante. Il faudrait donc qu’au plus vite, au-delà de cette date isolée, et surtout en amont de cette dernière se discutent les suites qui intègrent les éléments qui ont fait leur preuve : calendrier d’actions, travail de terrain, revendications claires et unité syndicale. Il n’y aura pas de raccourci pour reconstruire ce que Blanquer et Attal ont si méthodiquement détruit. Pas plus qu’il n’y a de fatalité ! Le 93 l’a montré.
Antoine Bouyou