La réforme des lycées professionnels s’annonce comme l’une des premières mesures d’un démantèlement plus global de l’Éducation. Le 18 octobre, les travailleurEs de ces lycées seront en grève avec l’objectif de battre les projets du gouvernement. Il y a urgence.
Le 18 octobre, ce sont 18 organisations syndicales plus une (la CFDT de son côté) qui appellent à la grève pour la défense des lycées professionnels et contre les projets de réforme de la dite « voie professionnelle ». C’est historique ! Un tel appel n’avait pas eu lieu depuis la grève du début 2000. Celle-ci avait mis à la poubelle un projet d’annualisation du temps de travail et imposé que les professeurs de lycée professionnel (PLP) des disciplines professionnelles qui étaient 23 h devant les élèves aient le même statut que les PLP des disciplines générales qui étaient, eux, 18 h devant les élèves. Cette grève avait mobilisé des dizaines de milliers de PLP sur 60 000, avec des dizaines de LP en grève et une manifestation nationale à Paris. Cette grève avait débordé les LP dans le 1er degré à partir d’écoles en zone d’éducation prioritaire dans le Gard et l’Hérault, puis dans le 2nd degré pour un mouvement généralisé de l’Éducation contre le ministre Allègre qui prétendait alors « dégraisser le mammouth » c’est-à-dire l’Éducation nationale selon ses termes.
Les élèves des quartiers populaires ne sont pas de la chair à patrons
Une mobilisation d’ampleur comparable sera nécessaire pour mettre un stop aux projets d’accélération du démantèlement du service public d’éducation. Projets qui commencent par la liquidation des LP. Car cette nouvelle réforme de la voie professionnelle contre les droits des jeunes à l’accès à l’éducation et contre le métier même d’enseignantE de lycée professionnel amènerait de fait à la transformation des lycées professionnels en centre de formation où la voix des patrons serait prépondérante.
Ce projet envisage en effet d’introduire les entreprises dans l’école dès la classe de 5e, sous prétexte de faire découvrir les métiers aux jeunes. Évidemment, cela implique, en particulier dans les quartiers populaires, que le « choix offert » aux enfants serait la palette des métiers en tension dans le « bassin d’emploi ». Métiers d’exécutants en priorité, cela va sans dire, avec ensuite la voie tracée vers les centres de formation.
Des enseignantEs transformés en employéEs aux ordres des entreprises
Le sens de cette nouvelle réforme est de considérer la formation des futurEs travailleurEs comme l’adaptation stricte de ces jeunes (de plus en plus jeunes) aux besoins des entreprises. Son objectif est de donner les clés des lycées pro au patronat. À cette étape seules des orientations sont connues — sauf l’application dès la rentrée 2023 d’une augmentation de 50 % de la durée des périodes de formation en milieu professionnel (PFMP) qui passera de 22 à 33 semaines — mais elles sont toutes convergentes : redéfinir la carte des formations selon les besoins du bassin économique (en faisant disparaître des filières qui n’auraient pas assez de besoins), dans un contexte où on ne discute pas d’une planification pour répondre aux besoins de la population.
Cela ne veut rien dire d’autre que de répondre aux desiderata des chefs d’entreprise. Donner la parole aux chefs d’entreprise pour l’organisation des temps d’enseignements et leurs contenus, cela veut dire transformer les enseignantEs en employéEs desdites entreprises et non plus des fonctionnaires de l’Éducation nationale. Et bien sûr on peut leur faire confiance pour avoir un avis, en plus de l’organisation du temps scolaire, et de vouloir interdire des sujets, comme l’histoire du mouvement ouvrier (qui tend déjà à être supplantée par l’histoire du compagnonnage), ou peser sur les programmes d’économie-droit… et en imposer d’autres.
Lutter pour un service public de l’éducation
Vouloir continuer à enseigner l’esprit critique, à développer l’autonomie de la réflexion et son expression, mais aussi l’autonomie liée à la maîtrise des compétences professionnelles, cela veut dire se lancer dans l’exercice pratique de la contestation des projets, par la grève et dans la rue dès le 18 octobre ! Avec en ligne de mire d’initier un mouvement des salariéEs, des élèves et de leurs familles pour la défense d’un véritable service public d’éducation et exiger les moyens de le faire fonctionner.