Depuis mardi 6 avril, les enseignantEs sont passés, comme en mars 2020, en distanciel, tenus de maintenir la continuité pédagogique pendant la fermeture temporaire des écoles, tenus de s’adapter en quelques jours seulement en sachant déjà que rien ne fonctionnerait alors que Blanquer clamait partout que tout était prêt...
Depuis septembre, l’alerte était lancée dans l’éducation nationale. De nombreuses propositions ont été faites sur les plans sanitaire et pédagogique de la part des personnels de l’éducation pour tenter d’empêcher le désastre. C’est quand il était finalement trop tard que le gouvernement a fini par fermer, avec des injonctions irréalisables pour les profs et les élèves.
Augmentation des inégalités : peut-on vraiment donner cours à distance ?
Après avoir expliqué en mars 2020 que le distanciel était l’avenir et que finalement les profs n’étaient pas si utiles que ça aux apprentissages, les inégalités sociales face au numérique ont été largement invoquées pour éviter de fermer les écoles. Les syndicats ont d’ailleurs largement emboîté le pas au gouvernement sur ce terrain, tant et si bien qu’aucun syndicat n’a réclamé la fermeture temporaire des écoles (pas même dans le 93), alors que les collègues sur le terrain, en droit de retrait, la réclamaient.
En réalité, personne ne pense que cette fermeture des écoles pourrait être bénéfique, mais face à la catastrophe sanitaire, elle est le seul recours. La fermeture sera effectivement productrice d’augmentation des inégalités, comme cela a été le cas au premier confinement. Mais il faut quand même discuter plusieurs éléments. L’école est un outil de sélection, elle est donc dans sa forme actuelle forcément porteuse d’inégalités. C’est donc bien ce type d’école que nous devons combattre. Pour réduire ces inégalités, il faudrait massivement investir dans l’école, donner des moyens réels à l’éducation et aux REP en particulier, embaucher (et donc créer des postes aux concours) et titulariser l’ensemble des personnels, en particulier les plus précaires. Soit l’exact contraire de la politique menée par Jean-Michel Blanquer.
Face à cette situation, il ne s’agit pas de rejeter en bloc l’enseignement à distance. Maintenir le lien social avec les élèves ou même maintenir des formes d’apprentissage est nécessaire, car on connaît justement le coût de cette situation sur elles et eux. Cependant, nous devons aussi avoir une véritable réflexion sur des apprentissages qui soient déconnectés de tout enjeu d’évaluation, remettre le programme des prochaines années en question, réclamer la validation automatique des examens et refuser tout type de sélection.
En finir avec Blanquer
Mardi 6 avril au matin, comme c’était prévisible, les outils numériques n’étaient pas prêts pour tenir le choc de la mise en travail à distance. L’ENT d’Île-de-France a ainsi complètement planté pendant toute la première journée. Face à ce constat d’échec, le ministre de l’Éducation nationale a multiplié les défenses bidon, comme lors du premier confinement : le problème vient d’attaques étrangères, de l’incendie d’OVH, des conseils régionaux ou départementaux, mais en tout cas certainement pas de l’éducation nationale. Cela pourrait presque ressembler à une blague si la situation n’était pas si grave au point de vue tant sanitaire que social, en particulier dans les zones d’éducation prioritaire, qui coïncident avec les taux d’incidence élevés (comme en Seine-Saint-Denis).
Le mot d’ordre de « Blanquer démission » circule largement chez les profs et les personnels de l’éducation, et il faut maintenant le reprendre largement en commençant par mener cette bataille dans les syndicats, dans les AG dès la rentrée, en refusant tout type de retour à la normale.