Échec du bac en mars, réforme du lycée pro : rien ne change rien, tout recommence avec de vieilles formules. Dans la droite ligne de la politique de son prédécesseur, Pap Ndiaye n’annonce rien de plus que « travailler pour gagner plus »…
«Les enseignants n’ont pas été les fers de lance de la mobilisation […]. Ils se rendent compte que la réforme telle que proposée, a un impact mais dans des proportions qui restent relativement gérables », voilà comment le ministre Pap Ndiaye voyait le mouvement de grève contre la réforme des retraites chez les enseignantEs le 4 avril dernier. Pourtant, si la grève reconductible ne s’est pas généralisée, les taux de grévistes lors des journées nationales interpro étaient importants dans nos établissements (dépassant à plusieurs reprise 50 %)… Le ministre poursuit en cela la communication offensante de son prédécesseur.
Fiasco du bac
Les épreuves du bac en « spécialités » se sont donc déroulées en mars dernier. Contrairement à ce que le ministre a pu penser, des collègues ont été en grève lors des surveillances. Mais, en plus des inégalités provoquées par la généralisation du contrôle continu, le bac en mars c’était la garantie d’une démobilisation des élèves. Comme prévu donc, depuis fin mars et en encore plus depuis que les notes des élèves sont connues, on observe une augmentation de l’absentéisme, en particulier dans les filières technologiques. Les élèves qui connaissent maintenant 80 % de leurs notes au bac sont démotivéEs et les profs tentent de les raccrocher tant bien que mal. La fin d’année risque d’être longue et la « reconquête du mois de juin » risque d’être difficile pour préparer les épreuves du grand oral et de philo. Une grande partie des organisations syndicales de l’éducation et des collègues continuent de réclamer le retour des épreuves au mois de juin.
Annonces de revalorisations
Lors du déplacement à Ganges a été annoncé la fameuse « revalorisation des salaires » dans l’éducation. Celle-ci sera en deux parties : la première (nommée « socle ») prévoit une augmentation de primes diverses « sans condition » de 100 à 230 euros (brut) selon l’ancienneté. L’autre partie (dite « pacte ») concerne les volontaires qui accepteraient des « missions complémentaires », il ne s’agit donc aucunement ici d’une augmentation mais juste d’un réchauffé du « travailler plus pour gagner plus » qui ne correspond pas aux demandes des collègues. Bien entendu les oubliéEs de cette revalorisation restent les personnels les plus précariséEs, AESH et AED en tête. Si une augmentation de rémunération est toujours bonne à prendre, elle demeure insuffisante, loin des 10 % annoncés pendant la campagne électorale, loin de compenser la perte de pouvoir d’achat des 20 dernières années. De plus, l’ensemble de ces mesures n’est qu’une augmentation de primes qui par nature peuvent donc disparaître et surtout ne sont pas prises en compte pour la retraite, alors que nous nous battons pour ne pas bosser deux ans de plus. Il sera donc nécessaire de construire les mobilisations pour exiger une véritable augmentation des salaires pour toutes et tous.
Réforme du lycée professionnel
Enfin, dans sa volonté de « passer à autre chose », Macron a annoncé lors de son allocution du 17 avril qu’il comptait « engager » la réforme de la voie professionnelle. Pourtant les organisations syndicales unanimes avaient imposé la suspension de l’augmentation des périodes de stage. Macron souhaite donc encore agir de manière autoritaire et de façon isolée. Les mobilisations pour s’y opposer devront reprendre. D’ailleurs, la ministre chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnelle, Carole Grandjean, a dû annuler sa visite dans un lycée toulousain car une intersyndicale large de l’éducation avait annoncé un rassemblement pour s’opposer à la réforme des retraites et du lycée pro.