Bénéfices en hausse de 11 %, aides publiques dans le cadre du CICE (la filiale française du groupe Imperial Tobacco a touché depuis 2014 2 millions d’euros de crédit d’impôt, soit l’équivalent de plus de 110 Smic sur un an !)... Pourtant les dirigeants ont décidé le 29 novembre dernier de fermer l’usine de Riom, dernière usine de production de cigarettes en France.
C’est la perte de 239 emplois, ainsi que celle du centre de recherche de Fleury-les-Aubrais, situé dans le Loiret (suppression de 87 emplois). Les dirigeants préfèrent délocaliser les emplois en Pologne et en Allemagne afin de réduire les coûts de production et augmenter encore leurs profits. De plus, il n y aura plus aucun contrôle sur la qualité des cigarettes vendues en France, ce qui pose aussi un réel problème de santé publique.
Les salariés ont mis en place la riposte pour empêcher la fermeture de cette usine. Des journées de grèves ont eu lieu, de l’information a été faite auprès des habitants, une réunion publique a eu lieu, des liens ont été tissés avec les buralistes, les planteurs de tabac, des syndicalistes, des élus locaux... Il y a eu plusieurs manifestations et un comité de soutien a été créé.
Des blocages pour défendre un avenir
Pendant deux jours, les 4 et 5 mai, une action coup de poing a été mise en place, avec le blocage de l’entrepôt logistique de Logista, filiale de la Seita Imperials Brands. Ce centre fournit les buralistes de toute la région Auvergne-Rhône-Alpes. Une action qui avait pour but de faire connaître leur lutte.
L’usine de Riom ainsi que le bureau de dépannage où se fournissent les débitants d’Auvergne, du Limousin, du Centre, ont aussi été bloqués à partir du 22 mai pour une semaine, afin de peser sur les négociations où sont discutées les indemnités de licenciements. Le but des salariés est d’obtenir un maximum d’argent afin de pouvoir le réinvestir dans un projet de Scop (société coopérative) qui continuerait à fabriquer des cigarettes à partir du tabac français. L’usine abriterait cinq lignes de productions au lieu de treize actuellement et permettrait de reprendre 180 salariés sur 239. Les salariés veulent aussi l’entreprise pour l’euro symbolique.
Quelle violence ?
Cette lutte est longue, peu médiatisée, et le mépris de la direction envers les salariés est difficilement tenable. Certains salariés en sont à leur troisième fermeture d’usine, et l’espoir de pouvoir garder l’usine s’amenuise.
C’est dans ce contexte tendu qu’un salarié s’en est pris au service de sécurité de l’usine. Il a été arrêté, placé en garde à vue et jugé en comparution immédiate, condamné à 30 mois de prison dont 3 mois ferme malgré la solidarité qui s’est mis en place.
Ce jugement est une victoire pour le gouvernement et le patronat qui une fois encore poussent les travailleurs au désespoir en leur enlevant leur outil de travail et de plus les condamnent. Car bien sûr, la violence de la Seita – qui laisse sur le carreau 239 salariés en empochant des aides publiques – ne sera jamais, elle, jugée.
Sandrine Clavières