Le Tour de France pour la santé, avec 64 organisations, présente ses propositions pour défendre le droit à la santé ! Un financement à la hauteur des besoins et une gestion démocratique.
À l’heure où Lecornu veut tailler 7,1 milliards d’euros dans les dépenses de santé, le Tour de France présentait, dans les locaux de la FSU (Fédération syndicale unitaire), ses propositions pour défendre la Sécu menacée.
Faire payer les malades pour faire des économies
Aurélie Gagnier, porte-parole de la FSU-SNUipp, ouvre le feu contre le projet de budget qui met à mal notre système de santé publique et solidaire, notre Sécu qui a 80 ans, où chacunE peut « être soignéE selon ses besoins, et non selon ses moyens », soulignant la pénurie de soignantEs à l’école et la rémunération réduite à 90 % en cas d’arrêt maladie. « Un financement individuel et inégalitaire, ou solidaire et juste : c’est un choix de société. »
Une Sécurité sociale en fonction des besoins, solidaire et universelle, prenant en charge intégralement à 100 % les frais de santé prescrits, dans un périmètre élargi et redéfini selon les besoins des populations et non des intérêts privés dans la santé, sans aucune condition ni discrimination, intégrant en son sein l’AME (Aide médicale d’État) : c’est l’horizon du Tour de France, qui souhaite « revenir au principe fondateur du financement par la cotisation sociale, une part du salaire mise en commun pour financer de manière solidaire l’ensemble des risques sociaux ».
Un point d’augmentation des salaires, c’est 5 milliards dans les caisses de la Sécu
« La Sécurité sociale est malade de ses recettes insuffisantes, avec un trou organisé depuis des années », souligne Françoise Nay, au nom du Tour de France. « Un point d’augmentation des salaires, c’est 5 milliards dans les caisses de la Sécu. L’égalité salariale femmes-hommes, au minimum 5 milliards de cotisations. Les exonérations de cotisations sociales ont été multipliées par quatre en dix ans : 89 milliards d’euros en 2023, dont 2,8 milliards non compensés par l’État. La fin des exemptions, 14,5 milliards de cotisations en plus. Augmenter d’un point la part patronale des cotisations, une rentrée entre 4,8 et 7,6 milliards. La mise sur les marchés financiers de la dette de la Sécurité sociale par la Cades a coûté 3,2 milliards d’intérêts en 2024. Supprimer la taxe sur les salaires de l’hôpital, une bouffée d’oxygène de 5 milliards d’euros. »
Les jeunes, les soignantEs et les sans-papiers au cœur des revendications
« 30 % des étudiantEs n’ont pas de complémentaire santé », renoncent à se soigner, sautent des repas, alors que leur santé, notamment mentale, se dégrade. Salomé Hocquart, vice-présidente de l’Unef (Union nationale des étudiants de France), plaide pour un réinvestissement dans les services de santé étudiants et insiste sur la formation à la question du handicap, aux besoins des personnes LGBTI+ et à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Pas question d’oublier les menaces contre l’AME, détaillées par Christian Bensimon de Médecins du monde, qui défend la proposition du texte « d’intégrer l’Aide médicale d’État des sans-papiers à une Sécurité sociale universelle ».
« Une Sécurité sociale démocratique, du local au national, cela veut dire des élections et la définition du budget par les assuréEs sociaux, les personnels et la population », une exigence développée par Ramon Vila, secrétaire général de Sud Santé Sociaux, qui plaide aussi pour « le rapport de forces », une mobilisation nationale intersyndicale et interassociative contre le PLFSS (Projet de loi de financement de la Sécurité sociale) d’austérité.
Une mobilisation unitaire pour défendre la Sécu
Le document de 12 pages a fait l’objet de plusieurs mois de travail et de coécriture. Sa couverture est colorée par les logos des 64 organisations signataires : FSU, Solidaires, Unef, Ufmict-CGT, Syndicat de la médecine générale, Union syndicale de la psychiatrie, mutuelles, associations féministes, collectifs et partis politiques, dont le NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) L’Anticapitaliste.
L’objectif ? Multiplier les débats et donner un contenu radical à nos mobilisations unitaires pour défendre la Sécurité sociale, bien commun conquis de haute lutte, contre les logiques de profit et d’exclusion.
Frank Prouhet