Les enseignantEs avaient alerté dès la rentrée de septembre qu’aucune mesure n’avait été anticipée par le gouvernement et le ministère de l’Éducation nationale pour permettre aux établissements scolaires de fonctionner en temps de pandémie. Mais la situation d’austérité budgétaire habituelle dans laquelle évolue l’éducation depuis des années n’a pas été modifiée malgré les circonstances exceptionnelles.
Ainsi, la rentrée s’est déroulée avec son cortège habituel de fermetures de classes, de classes surchargées frôlant les 30 élèves par classe en primaire et maternelle, dépassant les 35 ou parfois 40 élèves par classe en collèges et lycées. Locaux vétustes sans sanitaires adaptés aux besoins renforcés de lavage des mains de l’ensemble des élèves, bâtiments aux fenêtres condamnées empêchant une aération des locaux, pas de tests, pas de masques protecteurs pour les personnels… Le tableau laissait présager la catastrophe annoncée. Qu’importe, Blanquer a concentré son énergie dans une campagne médiatique de communication mensongère : « La rentrée se passe bien, tout est sous contrôle ». Après les mensonges d’État annonçant que les enfants n’étaient pas contaminants, le ministère a ensuite cherché à cacher les cas de contamination dans les établissements scolaires. La hiérarchie refusait de fermer les classes ou les écoles lorsque des cas d’enseignants ou d’élèves étaient avérés, elle n’informait pas les familles des élèves lorsqu’un enseignant était testé positif et elle ne faisait pas remonter à l’ARS les cas contacts. Ainsi Blanquer pouvait se féliciter devant les caméras du faible nombre de contaminations dans les établissements scolaires !
On marche sur la tête
Devant l’évidence de la circulation du virus et de la deuxième vague, Blanquer a annoncé, la veille de la rentrée des vacances de la Toussaint, un pseudo protocole sanitaire renforcé. De protocole, il n’en a que le nom, et sans moyen pour le mettre en place, il est inapplicable.
Aucune distanciation n’est possible lorsque les classes sont surchargées. À 35 par classe, les enseignantEs ne peuvent pas pousser les murs pour espacer les tables de leurs élèves. Le protocole recommande de ne pas brasser les groupes d’élèves, pourtant dans le primaire, le nombre d’enseignantEs remplaçants disponibles ne suffit même pas à couvrir les besoins pour remplacer les personnels vulnérables qui ne peuvent pas se rendre physiquement devant leur classe. Ainsi les personnels en arrêt maladie ne sont plus remplacés et leurs élèves sont alors répartis dans les autres classes, favorisant un brassage d’élèves et augmentant encore le nombre d’élèves par classe. On marche clairement sur la tête !
Le protocole sanitaire recommande d’augmenter le nettoyage et la désinfection des locaux, mais personne n’a pensé à augmenter le nombre d’agentEs d’entretien. Comme les enseignantEs, les agentEs, en première ligne, sont particulièrement touchés par le virus. Aussi les arrêts maladie se multiplient, les absences ne sont pas remplacées faute de personnels disponibles et nous n’assistons pas à un renforcement du nettoyage et de la désinfection des locaux mais au contraire à une dégradation de l’état sanitaire des établissements scolaires.
Il est urgent de prendre des mesures
Les enseignantEs qui se sont mis en grève depuis la rentrée des vacances, et mardi 10 novembre, l’ont fait par mesure de salubrité publique. L’Éducation nationale met en danger ses personnels, les élèves et contribue à la propagation de l’épidémie. Il est donc urgent de prendre des mesures.
La mesure urgente qui s’impose dans l’éducation, comme d’ailleurs dans la santé et l’ensemble des services publics, c’est bien évidemment l’embauche immédiate de personnels supplémentaires.
Pour réduire le nombre d’élèves par classe, il faut recruter des enseignantEs. Pour permettre la désinfection des locaux, il faut embaucher des agentEs d’entretien. Pour mettre en place de nouvelles organisations de la circulation dans les établissements scolaires, il faut embaucher des assistantEs d’éducation, des aides à la direction d’école.
Ce sont ce type de décisions qui auraient dû être prises dès le mois de mars dernier, si le gouvernement avait pris au sérieux la crise sanitaire et s’il avait vraiment considéré l’éducation comme un besoin essentiel.
Il aurait organisé des concours supplémentaires pour recruter et former de nouveaux enseignantEs, il aurait entrepris des travaux d’aménagement des locaux pour permettre l’application d’un protocole sanitaire digne de ce nom. Mais cela impliquait de mettre de l’argent public sur la table. Cet argent, il a fait le choix de le distribuer au patronat !
Des embauches immédiates !
Pour pallier l’urgence et pour répondre à la colère des enseignantEs, Jean-Michel Blanquer propose aujourd’hui une alternance des élèves dans les lycées. Pour pouvoir alléger le nombre d’élèves par classe, il propose aux lycéenEs de venir en classe en présentiel une semaine sur deux. Même si cette mesure est vécue pour certainEs comme une solution de protection minimale, elle ne répond pas aux revendications et à l’urgence de la situation. Dans ses rêves, Blanquer voudrait que les enseignantEs assurent à la fois un enseignement présentiel et un enseignement à distance. Encore une aubaine pour faire passer ses plans d’économie ! Aucune solution n’est en outre proposée pour les collèges et les écoles.
Au contraire, les enseignantEs réclament des embauches immédiates d’enseignantEs en recrutant l’ensemble des listes complémentaires des concours de l’enseignement, l’embauche immédiate des personnels de vie scolaire (AED, aide à la direction…), d’agentEs d’entretien, de médecins et d’infirmières scolaires. Alors que le gouvernement verse des larmes de crocodile sur les chiffres du chômage, voilà des solutions clés en main ! Les personnels de l’éducation continuent par ailleurs d’exiger que le ministère fournisse des masques FFP2 pour se protéger des contaminations, ainsi que des tests systématiques des personnels et des élèves.
À la suite de la journée de grève du 10 novembre, les salariéEs de l’éducation devraient s’adresser à l’ensemble des autres services publics, en particulier au secteur de la santé, pour construire ensemble une mobilisation pour obliger le gouvernement à mettre les moyens matériels et humains pour nous permettre d’affronter la crise sanitaire.