Le 16 septembre, Jean-Michel Blanquer avait déjà fait l’annonce choc de 1 800 suppressions de postes dans l’Éducation nationale. Deux jours plus tard, le ministre présentait une note encore plus salée pour le second degré : ce serait non pas 1 800 postes supprimés, mais 2 600 ! Le gouvernement prétend justifier ces suppressions de postes par une baisse des effectifs… sauf que les services du ministère lui-même prévoient au moins 32 000 élèves en plus par rentrée jusqu’en 2021. L’Éducation nationale doit payer son tribut aux 120 000 suppressions de postes de fonctionnaires prévues par le gouvernement. Tout cela pour payer les milliards d’aides versées aux patrons…
Ces suppressions de postes s’ajoutent au contexte d’une rentrée déjà totalement chaotique. Dans beaucoup d’établissements, la rentrée n’a pu avoir lieu normalement, du fait des conditions déplorables dans lesquelles les équipes sont laissées. Ainsi, au lycée Jacques-Feyder d’Épinay-sur-Seine, les enseignantEs sont entrés en grève parce que les emplois du temps n’étaient pas applicables, les listes d’élèves erronées, les locaux pour faire cours n’étaient pas prêts, alors que le lycée entre en rénovation… Au lycée Mozart du Blanc-Mesnil, les enseignantEs ont également débrayé, les conditions de sécurité pour faire cours n’étant pas remplies, les emplois du temps incomplets… Le lycée Joliot-Curie de Nanterre a connu des débrayages pour les mêmes raisons.
Vers la fin du bac national ?
Si les conditions de rentrée sont apocalyptiques dans beaucoup d’établissements, c’est aussi du fait des débuts de l’application de la réforme du lycée en classe de seconde, qui provoque beaucoup de désorganisation. Cette réforme des filières s’articule autour de la réforme du baccalauréat, elle-même articulée aux nouvelles conditions d’entrée dans le supérieur, mises en place par Parcoursup. Avec cette réforme, le baccalauréat n’aurait plus aucun caractère national : les évaluations se feront quasiment toutes localement, et le contrôle continu deviendra majoritaire. Et même pour les épreuves passées lors d’un examen final, l’évaluation se fera au niveau de l’établissement. Ce sera ainsi le cas du « grand oral », nouveauté dont Blanquer se gargarise, dont le jury sera composé au moins aux deux tiers d’enseignantEs venant de l’établissement de l’élève évalué. C’est la fin de tout cadre national du diplôme, et donc l’augmentation de la concurrence et des inégalités entre établissements.
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À cette nouvelle mouture du baccalauréat s’articule la nouvelle mouture des classes de filière générale. En effet, la réforme met fin au système des séries (L, ES, S). Désormais, il y aura un tronc commun au sein duquel on distinguera différents parcours fondés sur trois spécialités en première et deux en terminale. Or, ces spécialités dépendront des établissements. Là encore, cela développera les inégalités entre lycées : une note de service du 5 septembre révèle d’ailleurs que parmi ces options, sept sont jugées « classiques », et doivent donc être dispensées « dans un périmètre raisonnable » (!) pour chaque élève ; alors que 5 autres (tel langues et cultures de l’antiquité, arts, littérature et société…) sont décrétées « plus rares » et leur implantation s’organisera donc à l’échelle académique et nationale… On voit bien que le nombre d’options et de spécialités va être drastiquement réduit, et que seuls quelques établissements « d’élite » pourront dispenser ces spécialités « plus rares ». Or, la nouvelle plateforme d’entrée dans le supérieur, Parcoursup, évalue les dossiers des bacheliers selon les spécialités suivies au lycée. On assiste donc clairement à un renforcement du processus de sélection.
Par ailleurs, la réforme Blanquer va encore diminuer les horaires disciplinaires. Cela va signifier une charge de travail alourdie pour les enseignantEs, puisque si le nombre d’heures par discipline diminue, chaque prof aura d’autant plus de classes en charge. Tout cela avec des classes aux effectifs surchargés : en cette rentrée, les classes de lycée sont majoritairement à plus de 30 élèves, et 30 % sont même à plus de 35 élèves…
Se battre pour en finir avec cette politique !
Malheureusement, face à toutes ces annonces, les réactions des directions syndicales se sont fait attendre. Le SNES crie son indignation… mais traîne du pied pour appeler à la grève le 9 octobre. Au lieu de cela, il continue à aller aux réunions du ministère… Or, c’est bien d’une bonne grève de touTEs le profs dont nous aurions besoin ! Les enseignantEs de Nanterre, du Blanc-Mesnil, d’Épinay… ont raison : c’est la voie de la mobilisation et de la grève qu’il faut suivre. Vendredi 21 septembre, au lycée des Bruyères à Rouen, ce sont les élèves qui, après la grève des profs, ont bloqué leur lycée.
Les profs et les lycéenEs sont en colère, ils sont prêts à se battre, voire sont déjà entrés dans l’action. Il s’agit de faire de la date de mobilisation du 9 octobre un moyen de faire converger toutes ces mobilisations, et de construire une grève de toute l’Éducation !