Film (USA), 1 h 48, sorti le 9 juin 2021.
En 2011, Fern perd son emploi après la disparition de l’usine américaine de gypse à Empire, Nevada, où elle travaillait depuis des années avec son mari, récemment décédé. Elle décide de vendre la plupart de ses biens et achète une camionnette pour vivre et parcourir le pays à la recherche d’un emploi. Elle accepte un travail saisonnier dans un entrepôt Amazon et occupera ensuite divers emplois précaires dans un parc national, une exploitation agricole…
Seniors devenus précaires
Elle rencontre d’autres nomades qui partagent d’une façon ou d’une autre le même destin : arrivéEs à un certain âge, le chômage, une retraite misérable, une rupture familiale… les ont amenés à faire la route. Ce mode de vie est pour certainEs devenu un choix : la beauté des paysages, la chaleur des relations avec ceux et celles que l’on croise compensent la dureté d’une vie itinérante. Ce ne sont pas des marginaux qui échapperaient au capitalisme : des entreprises, même Amazon que certains présentent comme une incarnation de la modernité, recourent au travail de ces sexagénaires, voire plus âgés.
Frances McDormand incarne magnifiquement Fern, une femme qui n’arrive pas à surmonter son deuil et cherche sur la route une réponse à sa douleur. Une large part des autres personnages sont incarnés par de vrais nomades. Les paysages de l’Ouest américain sont magnifiques.
Nomadland est tiré d’un livre écrit par une journaliste qui a suivi plusieurs seniors devenus précaires (suite à la crise financière de 2008) et ont décidé de partir à la recherche de petits boulots, à bord de caravanes. Pour se préparer à son rôle, Frances McDormand a réellement vécu dans une camionnette pendant quatre à cinq mois, s’est déplacée à travers sept États des États-Unis et a travaillé chez Amazon et dans une usine sucrière.
Certes, on pourrait peut-être reprocher au film une vision « rose » de la vie de ces nomades et des relations entre eux, mais il est rare que la vision de magnifiques paysages, des personnages attachants se combinent avec une évocation discrète de la dureté de la vie pour les exclus du « modèle américain ».