Un siècle après les conférences de Zimmerwald et Kienthal, on mesure l’acquis théorique que nous ont laissé ces épisodes...
En fait, c’est à cette occasion que le mouvement communiste naissant a pu formuler les bases d’une orientation face aux guerres impérialistes, en confrontation avec les pacifistes. Le cœur de cette orientation, c’est le refus de toute forme d’union nationale. Une question toujours actuelle, il suffit de penser à la question des interventions françaises en Afrique ou au Proche-Orient.
Cela étant, le fait de disposer d’un tel acquis ne dispense pas de le questionner. Ainsi, la toute jeune IVe Internationale eut-elle une politique en 1940-1945 qui n’était pas une simple répétition des principes formulés par les bolchéviques en leur temps (on est même en droit de se demander si ce n’est pas une correction). « L’attention de l’aile révolutionnaire était centrée sur la question de la défense de la patrie capitaliste. Les révolutionnaires répondaient naturellement négativement à cette question. C’était tout à fait juste. Mais quand cette réponse purement négative servait de base à la propagande et à la formation des cadres, elle ne pouvait gagner les masses, qui ne voulaient pas d’un conquérant étranger. » 1
Trotski rappelait d’ailleurs que, lors de la Révolution russe, jamais le refus de la défense « nationale » n’aurait permis aux communistes de conquérir la majorité. Un siècle plus tard, le débat relatif au « défaitisme révolutionnaire » – ce qu’il est, ses modalités – se poursuit, et c’est normal.
- 1. Trotski, Bonapartisme, Fascisme et Guerre (août 1940).