Publié le Lundi 21 décembre 2009 à 16h25.

L'hôpital dans la France du XXème siècle de Christian Chevandier

Christian Chevandier nous livre un vaste panorama de l'évolution de l'hôpital, principalement de l'hôpital général. Son ambition est de la restituer dans les soubresauts de l'histoire générale dont les effets se font aussi sentir «entre les murs». Si certaines de ses affirmations feront débat, loin de s'en tenir à une description institutionnelle, il souligne à chaque étape les conditions de vie et de travail des personnels. Salaires, formation, conditions et temps de travail, autant d'objectifs revendicatifs qui, très tôt, mobilisent les personnels.

Au début du XXe siècle, des syndicats existent, principalement confédérés à la CGT. La CGTU y sera majoritaire un temps. La question du recrutement féminin des soignantes est abordée de front en essayant de faire le tri entre ce qui ressort des situations et la vision essentialiste des rôles féminins dans la société.

Dans l'histoire des luttes hospitalières, l’auteur fait une bonne place à celle des infirmières de 1988, à sa coordination et à son mot d'ordre central «ni nonnes, ni bonnes, ni connes» qui résumait si bien leur aspiration économique mais aussi sociale : reconnaissance de la valeur de leur travail et mise à bas de leur soumission. Cette grève bouleversa le champ syndical. La CFDT expulsera ses structures parisiennes qui formeront le syndicat SUD Santé social.

L’histoire des hôpitaux, jugée positive entre la fin du XIXe siècle et les années 1970, se grippe dès les premiers plans Barre, qui aggraveront la situation, laissant le champ libre à la seule logique de rentabilité économique, avec ses conséquences mortelles, comme lors de la canicule. Au bout du compte cette histoire nous concerne tous car «on ne peut gérer un hôpital comme une entreprise» et la place de l'hôpital est un «enjeu du type de société» que nous voulons.

Daniel Desmé

Edition Perrin, 490 pages, 25 €.