Publié le Lundi 17 janvier 2011 à 19h58.

Santé et dépendance : ni charité ni marché. Des droits pour tous !

Sarkozy et son gouvernement n’attendent pas 2012.

Pour eux, 2011 ce sera une année d’attaques généralisées contre la santé et la protection sociale. La mise en œuvre des contre-réformes déjà adoptées (à commencer par les retraites) sera complétée par de nouveaux dispositifs avec pour couronnement la « dépendance », dernier « grand chantier » du quinquennat.

La droite « décomplexée » veut le retour à la bonne vieille recette libérale : responsabilité individuelle et assurances personnelles pour ceux qui le peuvent, charité pour les autres !

Dans une interview au journal la Croix1, Gérard Longuet, président du groupe UMP au Sénat, le dit sans détour : «la dépendance, c’est d’abord une affaire de responsabilité individuelle et familiale. Il faut se préparer à vieillir dépendant, à un moment ou à un autre, et donc s’organiser à cet effet par l’épargne, l’assurance, la solidarité intergénérationnelle, et ne renvoyer la facture à la collectivité publique que dans les cas minoritaires.»

Avant la dépendance, la même logique s’est appliquée depuis 2007 à l’assurance maladie, à l’hôpital, aux retraites avec les résultats que chacun mesure aujourd’hui.

Des soins toujours plus chers

La création de la Sécurité sociale en 1945, ainsi que celle de l’hôpital public avaient un but : «permettre à tous d’accéder aux meilleurs soins». Paradoxe : dans un pays où la richesse double tous les 50ans, où la médecine a fait des progrès prodigieux, on s’en éloigne chaque jour davantage.

« Franchises » sur les soins, déremboursement de médicaments utiles, la part des soins restant à la charge des malades s’accroît. L’assurance maladie ne rembourse plus que 55 % des frais de santé hors de l’hôpital. Les tarifs des mutuelles et assurances complémentaires s’envolent. Les hausses atteignent parfois 10 % pour 2011. Une santé à plusieurs vitesses s’installe : ceux qui sont assez fortunés pour s’offrir les meilleurs soins, ceux qui devront se contenter du « bas de gamme » et ceux qui n’auront pas les moyens de se soigner.

De la loi Bachelot…à la réforme « Hubert »

2011, verra aussi l’application à plein régime de la loi Bachelot (Hôpital, patients, santé et territoires). Lors d’un déplacement à l’hôpital d’Avignon, le 21 décembre 2010, Sarkozy a confirmé la volonté d’imposer par tous les moyens le «retour à l’équilibre budgétaire» des hôpitaux, qui pour lui, doivent être d’abord des entreprises rentables.

Pénurie de personnel, fermeture et regroupement de services hospitaliers, délais d’attente et manque de lits vont donc s’aggraver.

Avec le rapport Hubert, approuvé par le chef de l’État, la médecine de ville va être soumise aux mêmes contraintes : limiter les missions des médecins de villes aux actes à «forte valeur ajoutée» [sic]. Rationner les soins pour gagner plus devra être le nouveau credo médical !

Enfin 2011 sera l’année de la « dépendance ».

La création annoncée d’une nouvelle branche de la Sécurité sociale n’est qu’un écran de fumée. Le projet concret du pouvoir, c’est l’obligation d’adhérer à une assurance privée

pour le plus grand profit d’AXA ou de Malakoff Médéric (dont le PDG est… Guillaume Sarkozy). Les autres pistes envisagées sont une nouvelle journée de travail gratuit et la récupération par l’État des héritages. Enfin la charité publique interviendrait pour « les plus démunis ».

En un mot : toutes les hypothèses sont ouvertes, sauf prendre sur les profits par l’accroissement des cotisations sociales (dites patronales).

Pour la dépendance, la santé, comme pour les retraites, une autre répartition des richesses

Nous vivons dans une société qui a plus que les moyens d’une Sécurité sociale finançant à 100 % des soins de qualité, la dépendance, (pas seulement celle des plus âgés, mais de tous ceux qui ont perdu leur autonomie), la retraite dès 60 ans correspondant aux meilleures années de salaires.

Encore faut-il imposer que la richesse aille là plutôt que dans la poche des actionnaires. Il s’agit de décisions politiques, de rapport de forces sociaux et non de fatalité économique.

Tracer cette alternative politique est une des conditions nécessaire à la relance et à la généralisation des luttes sociales, c’est l’objectif de la campagne dans laquelle s’engage le NPA et qu’il propose à tous ceux pour qui une autre répartition des richesses permettrait de prendre soin de tous.

Jean-Claude Laumonier