Publié le Dimanche 3 avril 2011 à 15h22.

Martin Luther King : un rêve de liberté et d’égalité

Depuis 1986, le 3ème lundi de janvier de chaque année est célébré aux États Unis comme le «Martin Luther King Day», approximativement jour de naissance (le 15 janvier 1929 ) de celui qui reste pour ce pays un des hommes dont la vie est associée au combat pour les droits civiques des noirs mais aussi pour la lutte non violente. Son discours mémorable le 28 août 1963 devant le Lincoln mémorial à Washington («I have a dream») est aujourd’hui un des discours les plus connus du monde.

Ségrégation

Le 1er décembre 1955, Rosa Parks, une femme noire, refuse de céder sa place à un blanc, en infraction contre les lois ségrégationniste de la ville et est arrêtée par la police. Martin Luther King (MLK) mène alors le boycott des bus de Montgomery qui va durer plus d’une année et est suivi par les 40000 noir-e-s de la ville, obligeant la cour suprême des États-Unis à déclarer illégale la ségrégation dans les autobus, restaurants, écoles et lieux publics. Il organise par la suite des marches pour le droit de vote des Afro-américains, le droit du travail ainsi que d’autres droits fondamentaux dont étaient privés les noirs. Partisan de la désobéissance civique non violente comme appliquée par Gandhi avec succès, MLK ne tarde pas à se faire malgré tout de nombreux ennemis qui tentent de l’éliminer physiquement.

Radicalisation

La violence extrême des ségrégationnistes de Birmingham à l’égard d’enfants qui manifestaient pacifiquement et les attentats à la bombe lancés contre des églises noires indignent l’Amérique et le monde et renforcent le mouvement des droits civiques bien que critiqué par des courants plus radicaux comme Malcolm X.

La marche sur Washington sera le point d’orgue des actions menées par le révérend King. Plus de 250000 personnes se réunissent le 28 août 1963 à Washington face au Capitole, dans ce qui est la plus grande manifestation ayant eu lieu jusque là dans l’histoire de la capitale pour écouter le célèbre discours du révérend «I have a dream» appelant à une Amérique unie et fraternelle. Il devient en 1964 le plus jeune lauréat du prix Nobel de la paix pour sa lutte non violente contre la ségrégation raciale et pour la paix. La même année les luttes du mouvement sont consacrées par le vote du Civil Rights Act de 1964 suivi en 1965 du Voting Right Act .

MLK commence alors une campagne contre la guerre du Vietnam et la pauvreté. Cet engagement ne fera que renforcer la haine de ceux qui l’accusaient déjà depuis de nombreuses années d’être à la solde des communistes. «Une vraie révolution des valeurs regarderait bientôt d’une manière honteuse les contrastes frappants entre la pauvreté et la richesse. Avec une indignation justifiée, elle regarderait au-delà des mers et verrait les capitalistes individualistes de l’ouest investissant d’énormes sommes d’argent en Asie, en Afrique et en Amérique du sud, juste pour faire des profits et sans aucune préoccupation pour les améliorations sociales dans ces pays, elle dirait: “Ce n’est pas juste.”» déclare t-il notamment. Il s’attire alors la foudre des médias et de l’establishment.

Son déplacement à Memphis pour soutenir les éboueurs de la ville en grève sera le dernier. Le 4 avril 1968 au lendemain de son discours prémonitoire «I have been to the mountain top» («J’ai été au sommet de la montagne»), Martin Luther King est assassiné par un ségrégationniste blanc dans le Tennessee.

A titre posthume, MLK se verra décerner plusieurs médailles. Mais au-delà de ces honneurs institutionnels, il reste une des figures d’inspirations les plus importantes de l’histoire des mouvements d’émancipation, au côté de toutes celles et ceux qui se battirent, et se battent encore, sans relâche, pour faire des rêves de liberté et d’égalité portés encore aujourd’hui par des millions à travers le monde, une réalité.

Moulzo et Kohou